Jean Degottex est né à Sathonay-Camp le 25 février 1918, et mort à Paris le 9 décembre 1988. Sa peinture est proche de celle du mouvement de l’Abstraction lyrique. Comme il le dit, son œuvre est progressivement passée du geste et du signe à l’écriture, puis de l’écriture à la ligne. Aujourd’hui considéré comme un artiste phare de l’abstraction française, son inspiration vient surtout de la philosophie zen alors en vogue ainsi que de la calligraphie chinoise.
Jean Degottex, né dans un milieu modeste, est presque autodidacte. Dès l’âge de quinze ans, il travaille et se lie aux milieux libertaires des années 1930. Il pratique occasionnellement le dessin dans les académies de Montparnasse. De 1939 à 1941, il fait son service militaire en Tunisie, où il peint ses premiers tableaux figuratifs, sous influence du Fauvisme.
C’est là qu’il choisit de devenir peintre à temps plein. Dès 1941, il participe au Salon des Moins de Trente Ans, et dès 1948, il se décide pour l’abstraction. En 1949, la galeriste Denise René lui offre sa première exposition. Denise René est connue pour son soutien aux artistes abstraits français, et notamment Vasarely. Degottex expose aussi dès cette année à la Galerie de Beaune.
La même année, il rencontre Renée Beslon, critique d’art, poète et plasticienne. Il rencontre également Roger Van Gindertaël, rédacteur en chef de la revue Cimaise et Charles Estienne, le célèbre critique d’art de Combat. En 1951, il reçoit le prix Kandinsky.
Degottex voyage dans la Beauce puis en Bretagne en 53-54, et ses œuvres se ressentent encore de l’influence du paysage (La Nuit des feuilles, L’Épée dans les nuages, Vagues). Mais en 1954, son abstraction se radicalise privilégiant la liberté et la rapidité du geste.
En 1953, la galerie L’Étoile Scellée dirigée par André Breton lui offre une exposition. Le père du Surréalisme voit en l’oeuvre de Jean Degottex une application picturale du principe d’écriture automatique. C’est aussi lui qui fait le lien entre la calligraphie de Degottex et celle du monde oriental.
En 1955-1956, l’artiste rejoint la galerie Kléber de Jean Fournier. Il y côtoie Simon Hantaï et Georges Mathieu, se fait l’ami du poète Bernard Heidsieck, et des peintres Françoise Janicot, Jean Dupuy ainsi que du sculpteur Paul-Armand Gette.
En 1959, Maurice d’Arquian l’intègre à la Galerie internationale d’art contemporain, dont il est à la tête. Pierre Henry, Yves Klein et Maurice Béjart figurent parmi les protégés de cet antre de la nouveauté. Degottex commence à être reconnu en Europe, et notamment pour sa période de 1956 à 1963, très féconde. Le peintre procède par séries et suites : suite Ashkénazi (1957), suite Serto (1957), suite des Hagakure (1957), les 18 Vides (1959), suite des Roses (1960), suite des Alliances (1960), les 7 Métasignes (1961), Jshet (1962). Le titre de ses oeuvres est alors souvent « Écriture », « Suite Écriture. » C’est là le type d’oeuvres le mieux connu de Degottex.
Sa fille unique disparaît dans un accident à l’âge de 16 ans. Après une année de dépression, il reprend la fameuse série des Écritures.
Les suites de Degottex ont des noms qui s’assombrissent : Rose noire (août 1964), Suite obscure (novembre-décembre 1964) etc.
De 1966 et jusqu’à sa mort, il travaillera souvent à Gordes, dans le Vaucluse.
Il participe à Mai 68 par la réalisation d’affiches. En 1969, il conçoit avec l’architecte Jean Daladier les maisons-coupoles à Saint-Julien-du-Sault (série des Spacifique). Toujours avec Jean Daladier il expose au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris.
Entre 1972 et 1976, la Galerie Germain lui dédie plusieurs expositions monographiques. Il présente par exemple la série des Médias, où une surface unie en acrylique noir mat est séparée d’une partie basse en lavis d’encre de Chine. Cette période donne lieu à des Suites Média et Parcours Médias, déclinant toutes les phases physiques du processus de création. Coulures de l’encre de Chine apposée sur papier au sol, bandes médianes de papiers compressées en boules : BBC (bandes-boules-compression), empreintes des boules : Signes-Boules. Les Feuilles-son et Poly-ondes sont les traductions graphiques d’évènements sonores liés à la création des Médias.
Il rencontre l’écrivain Bernard Lamarche-Vadel et expose chez Jean Fournier la série des Médias. Le papier l’intéresse de plus en plus (série des ARR rouges, puis blancs). La Galerie Germain expose ses Papiers pleins (1974-1975) qui sont en fait des papiers encollés et décollés par bandes horizontales, tandis que les Papiers pleins Obliques (1976) sont des papiers aux incisions soulevées par diagonales.
L’année suivante, Degottex imagine les Papiers-Report (1977), où le « report » s’opère par pliage d’une moitié de la surface de la feuille sur l’autre, comme une empreinte. Il fera de même avec d’autres supports, comme la toile (séries des Lignes-Report (1978) et des Plis-Report (1978).)
En 1979, à l’abbaye de Sénanque, à Gordes, il crée spécialement pour une exposition une série de toiles dites Déplis .
En 1981, il obtient le troisième Grand Prix National de peinture.
En 1982, il entre à la Galerie de France, alors dirigée par Catherine Thieck. Il poursuit son travail sur les plis et les bandes, dans une épure de plus en plus ascétique.
Ses dernières séries d’œuvres, les Lignes-Bois (1985) et Contre-Lignes Bois (1986), sont à dominantes blanches, grises, ou gris bleu, et sont aussi considérées par les experts comme les plus abouties. Il s’éteint en 1988.