Gérard Schneider
1896 (Sainte-Croix (Suisse)) - 1986 (Paris)
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Biographie
Gérard Schneider est né en Suisse, à Sainte-Croix, en 1896. C’est un enfant doué pour le dessin. A vingt ans, il arrive à Paris où il est reçu à l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs. Puis il entre à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts, dans l’atelier de Cormon, l’une des gloires de la peinture académique, dont Van Gogh et Toulouse-Lautrec furent les élèves.
Au cours de ses années d’étude, il trouve ses maîtres en matière d’art pictural : Cézanne, dont la peinture témoigne non seulement d’un ordre académique rassurant pour le jeune artiste, mais aussi d’une liberté romantique qui le séduit. Outre la peinture de Cézanne, celle de Courbet, grand représentant du classicisme, est pour Schneider une référence toujours présente.
De ses années d’apprentissage, il ne renie rien : il passe par toutes les tendances. Il parfait également sa connaissance de la peinture en restaurant des tableaux anciens. Ainsi se constitue-t-il une “culture picturale totale”.
Pour cet artiste, la guerre de 1939-1945 est un tournant.
Les pionniers de l’art abstrait sont passés pratiquement inaperçus : Mondrian et Kandinsky meurent la même année en 1944, sans avoir fait parler d’eux outre mesure. En 1945, il s’affirme comme un peintre abstrait, en se séparant radicalement d’artistes qui entendent prendre leur inspiration dans la nature en l’abstractisant comme Bazaine, Manessier ou Lapicque.
1947 est pour Schneider une année capitale car il expose pour la première fois avec Hartung et le jeune Soulages. Les oeuvres de ces artistes sont fortes et sombres; ils vont former dès lors un trio qui s’imposera très distinctement. Schneider est alors considéré comme l’un des artistes les plus significatifs de ce que l’on appelle l’Avant-Garde. En 1948, il est invité à la Biennale de Venise et participe à la première anthologie d’artistes contemporains circulant en Allemagne. Il demande et obtient la nationalité française; son choix est fait : il ne quittera plus Paris.
De 1949 à 1952, Schneider, Hartung et Soulages participent aux mêmes expositions, aux mêmes rencontres. Michel Ragon et quelques autres critiques vont alors soutenir ce qu’il est convenu d’appeler “l’Abstraction Lyrique”, dont ces peintres sont les plus éminents représentants. Pendant toute cette décennie, l’oeuvre de Schneider ne cessera non seulement de s’amplifier, d’affirmer sa singularité, mais elle s’imposera aussi au-delà des frontières françaises (Venise, Kassel, Milan, Japon, Etats-Unis).
Au Japon, les calligraphes modernes ont accueilli avec enthousiasme la peinture de Schneider. L’influence de son oeuvre est considérable dans ce pays.
“Action painting”. Peinture gestuelle. Schneider est, sans aucun doute, l’un des plus évidents précurseurs de cette forme d’Expressionnisme Abstrait. Le fait est que si Schneider a la fougue d’un peintre inspiré qui bondit pour saisir l’instant, il n’en demeure pas moins que tous ses tableaux sont savamment composés. Violence, tumulte, dynamisme sont les caractéristiques de cette peinture qui tend au paroxysme, c’est-à-dire au pathétique.
Un drame sous-jacent y est perpétuellement dominé par la maîtrise de la forme.
En ces années commence ce que l’on pourrait appeler la troisième carrière artistique de Schneider. Si l’on considère, en effet, que la première a été française, la seconde américaine, la troisième se trouve être italienne.
Schneider a toujours été un grand coloriste. Mais dans ces années-là, il est certain de pratiquer une libération de la couleur devenue forme et de la forme devenue couleur. Cette synthèse de la forme et de la couleur, à laquelle il a toujours aspiré, cette fois-ci, il la tient. Il peint d’amples compositions où la large brosse souligne la monumentalité expressive. Cette nécessité intérieure de l’artiste s’étale, éclate, rejaillit en taches, même parfois en coulées, en giclures.
À 87 ans, Schneider réalise une synthèse entre les oeuvres des années glorieuses et celles des années lumière. Il conserve la flamboyance des couleurs des années 70, mais travaille “dans le frais” comme il le faisait dans les années 50. Jusqu’à la fin de sa vie, Schneider ne cesse d’être étonné, stupéfait même, de l’aventure de l’Art Abstrait. La vieillesse a aussi réussi à Schneider : de 70 à 90 ans, il a réalisé quelques-unes de ses plus belles peintures.