Huile sur toile de 1963 d'André Marfaing

André MARFAING, Déc-63-27, 1963

« Les autres disent que je peins en noir et blanc, ne voient-ils pas autre chose ? »

Si André Marfaing se limite quasiment exclusivement, dès la fin des années 50, à l’utilisation du noir et du blanc dans sa peinture, cette œuvre typique des années 60, période définie par l’artiste comme « abstraite et matière », nous prouve que bien d’autres choses sont à voir, des découvertes sont à faire et des émotions à ressentir à travers la peinture de cet artiste au caractère indépendant et totalement habité par son art.

Encore faut-il se plonger dans l’œuvre, laisser le silence s’installer et le temps s’étirer, tâcher d’atteindre un état quasi méditatif pour être touché par la pureté et l’énergie de cet artiste ascète, sauvage presque, à l’esprit tourmenté et au parcours solitaire et semé de doutes. Les œuvres de cette époque sont marquées par la spontanéité du mouvement, le foisonnement de signes rapides, impulsifs, puissants qui peuvent s’apparenter à une écriture, une calligraphie et s’inclure dans le mouvement de l’abstraction lyrique. Progressivement, dès le début des années 70, les œuvres deviendront plus méditatives, minimales, ascétiques et architecturées ; le geste est contenu, dompté et l’huile est abandonnée au profit de l’acrylique travaillée en aplats.

Huile sur toile de 1963 d'André Marfaing

Cette huile sur toile de 1963 est travaillée dans l’épaisseur de la peinture et l’on sent au premier regard l’énergie et la spontanéité d’un geste fort et juste. L’artiste utilise différents pinceaux, plus ou moins épais, ses doigts directement aussi dans la matière pour construire ce duel lumière/ténèbres et exprimer ainsi sa réalité intérieure par une peinture sensorielle et poétique.

Alors, ne voit-on que du noir et du blanc dans l’œuvre d’André Marfaing ? Non bien sûr si nous laissons notre propre imagination faire son chemin. Les termes de cascade, paysagisme abstrait, gorges, failles, blocs… sont souvent employés par les spécialistes pour décrire les œuvres de cette période.

« J’ai été heureux de voir comment une promenade faite sur une falaise pouvait être traduite sans qu’il fût question de la falaise… »

Ici, certains pourront se sentir immergés dans un univers aquatique nocturne tumultueux, une plongée en eau trouble. D’autres s’élèveront vers des cieux orageux où l’éclair devient noir et le centre du typhon lumière. Quelques-uns encore pourront se promener sur des chemins sinueux, tortueux, emmêlés ou se laisser happer par l’harmonie des espaces blancs et gris.

« Le noir et le blanc me semblent avoir le caractère de simplicité, d’absolu et de rigueur qui me convient »

Si, d’après Edmond Jadès « la lumière est derrière. (…). Marfaing peint sur la lumière », ici, la lumière est partout ! Le fond du tableau est traité en blanc et gris et le blanc revient au centre, sur le noir, dans un jeu de transparence si cher à l’artiste. Le noir est la sève, la chair, l’héritage de la peinture. Il est capteur de lumière et porte en lui toutes les couleurs du prisme. Le gris adoucit le passage du noir au blanc sans amoindrir la puissance de la peinture et le blanc ouvre des éclats, des lueurs, des fenêtres.

Chaque œuvre de Marfaing est un monde, un acte d’absolue liberté qui nous fascine et nous emporte dans un voyage personnel vers la sérénité.


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Maud Barral

Après une expérience de 15 ans passés aux côtés de Jean Ferrero, directeur de la galerie historique de l’École de Nice et des Nouveaux Réalistes, Maud a ensuite défendu la jeune création contemporaine durant 5 ans, au sein de sa propre galerie, avant de rejoindre l’équipe de la Galerie Hurtebize en 2015.