Hans Hartung, né en 1904 en Allemagne, est une figure centrale de l’art abstrait du XXe siècle. Son œuvre, marquée par une recherche incessante de nouvelles formes d’expression, témoigne de son génie créatif et de son influence durable sur l’art moderne. À travers ses œuvres, Hartung a exploré diverses techniques et styles, évoluant constamment et repoussant les limites de l’abstraction. Cet article explore trois œuvres clés de Hartung, réalisées en 1939, 1976 et 1988, illustrant son parcours artistique et l’évolution de sa technique.
Une Œuvre de 1939 : une Inspiration Géométrique
En 1939, l’année de son mariage avec Roberta Gonzalez, Hans Hartung crée une œuvre marquante qui témoigne de sa courte exploration d’une abstraction à l’inspiration géométrique. Cette période de son travail se caractérise par un éloignement de ses représentations abstraites habituelles, se concentrant plutôt sur les formes, les lignes et les structures.
Cette pièce de 1939 est emblématique de cette phase expérimentale. Elle présente une composition équilibrée de formes géométriques et de lignes dessinées avec une grande précision et délicatesse, reflétant la recherche minutieuse de Hartung pour une nouvelle esthétique. Les nuances de gris et de beige dominent la palette, créant une ambiance sobre et élégante qui met en avant la pureté des formes.
L’œuvre montre également l’influence de l’art moderne européen, notamment du cubisme et du constructivisme, mouvements qui ont profondément marqué Hartung dans sa quête d’innovation artistique. Bien qu’il ne soit pas certain que cette pièce soit un cadeau de mariage, elle représente un lien intime entre sa vie personnelle et son évolution artistique.
Pour apprécier pleinement cette œuvre, il faut considérer non seulement sa beauté visuelle mais aussi son contexte historique. Elle marque une étape importante dans la carrière de Hartung, caractérisée par une recherche constante d’innovation et d’expression artistique.
L'Abstraction des années 70 : une période de mutation
Dans les années 70, Hans Hartung se trouve dans une période transitoire marquée par le passage des techniques de grattage des années 1960. Cette période est caractérisée par un style d’abstraction où il utilise des coups de pinceau énergiques et spontanés pour exprimer une intensité et une liberté nouvelles par rapport à ses premières explorations géométriques.
Cette œuvre de 1976 qui se caractérise par des lignes noires tourbillonnantes et des éclats de couleur vibrante, illustre bien cette période. Hartung adopte ici une approche gestuelle, où chaque coup de pinceau semble être une extension directe de son état d’esprit. Le bleu vif, traversant l’œuvre, ajoute une profondeur et une vitalité qui contrastent magnifiquement avec les tons plus sombres.
Le bleu n’est pas choisi au hasard ; il démontre la capacité de Hartung à utiliser la couleur pour évoquer différentes atmosphères. Symbole de calme et de sérénité, le bleu se mêle à la turbulence des lignes noires, créant une tension visuelle captivante.
Cette œuvre illustre également son éloignement de la technique de grattage typique des années 60 et une nouvelle approche de l’abstraction.
L’abstraction lyrique de Hartung reflète une quête de liberté et d’expression pure. En se libérant des contraintes formelles, il parvient à transmettre des sentiments et des sensations avec une immédiateté rare. Son travail de 1976 incarne cette recherche d’une communication artistique directe et instinctive.
Une Œuvre de 1988 : L'Aboutissement Ultime de l'Abstraction d’Hartung
Les années 1980 marquent la dernière période de sa carrière, aboutissement ultime de son abstraction, très différente de l’idée que l’on se fait de sa peinture antérieure. À partir de 1986, Hartung est très affaibli et ne peut plus manipuler les instruments qu’il utilise habituellement pour peindre. Il se tourne alors vers des techniques innovantes, travaillant sur la projection des flux de peinture en utilisant des tyroliennes, des pistolets sans air et des machines à sulfate de jardin.
Cette œuvre de 1988, créée juste après la mort de sa femme Anna-Eva Bergman en 1987 et l’année précédant son propre décès, est typique de son travail durant cette période. Hartung s’émancipe des formes traditionnelles et articule son travail autour de deux vocabulaires récurrents : l’entrelacement et la couleur zone par zone. Il crée un fond à l’aide d’un pistolet qui pulvérise la couleur de manière nébuleuse, puis dessine par-dessus avec un pulvérisateur de jardin. Les couleurs, dominées par des nuances de bleu et de blanc, montrent une maîtrise technique et une sophistication accrue dans son utilisation des matériaux. Le contraste entre les éclats de bleu et les textures blanches crée une composition visuelle riche, illustrant l’évolution de son abstraction lyrique. Un mouchetage jaune fluo subtil apparaît également dans l’œuvre, ajoutant une touche de luminosité et de profondeur, et démontrant une fois de plus la capacité de Hartung à exploiter chaque nuance pour enrichir ses compositions.
Hartung aborde les nouveaux outils avec la même curiosité et rigueur qu’il avait pour les techniques plus traditionnelles. Il expérimente, passant de la découverte à la maîtrise, mémorisant physiquement les possibilités offertes par ces nouveaux outils.
L’œuvre de 1988 reflète cette exploration technique, avec une exécution rapide et maîtrisée qui caractérise son style. La rapidité d’exécution est une caractéristique essentielle de cette œuvre. Les outils utilisés exigent une double maîtrise : celle du geste et celle du temps. Hartung, qui a toujours expérimenté la dimension temporelle de ses techniques, sait parfaitement comment jouer avec ces éléments pour créer des compositions dynamiques et émouvantes.
Hans Hartung a laissé une empreinte indélébile sur l’art abstrait, explorant sans cesse de nouvelles formes d’expression. Ses œuvres de 1939, 1976 et 1988 témoignent de son évolution stylistique et de sa capacité à innover constamment. À travers ses différentes période Hartung a toujours cherché à capturer l’essence de l’émotion et du mouvement, laissant un héritage artistique riche et varié.
Céline FERNANDEZ
Forte d’une expérience de 15 ans dans le marketing et la communication, Céline a travaillé pour de grandes sociétés telles que le Public Système, le Groupe Galerie Lafayette et plusieurs agences de communications. Depuis plus de 5 ans, elle gère la communication de la galerie à travers le site internet, les réseaux sociaux et les médias traditionnels.