Claude Venard (1913-1999) : Le cubisme réinventé
Claude Venard est un artiste d’après-guerre, célèbre auprès des amateurs de l’École de Paris.
Au fil des années, grâce à son style unique, brut et coloré, il s’est taillé une réputation considérable à l’international.
Né en 1913 dans la capitale française, il se forme auprès d’un restaurateur du Musée du Louvre.
Il se refuse à étudier aux Beaux-Arts, institution trop académique pour lui.
L’année 1936 marque un tournant dans sa carrière : il participe à l’exposition du groupe Les Forces Nouvelles, dont font aussi partie Pierre Tal-Coat et André Marchand. Ces artistes souhaitent le retour aux principes de l’artisanat. Mais Venard a une sensibilité un peu différente, et s’éloigne du mouvement pour trouver sa propre voie.
Grand coloriste aux influences cubistes, son style a exercé une influence marquante sur la jeune génération d’alors, dont Bernard Buffet est sans doute le peintre le plus célèbre aujourd’hui. Venard est en effet l’un des premiers à avoir conseillé le jeune prodige. Le trait noir de Claude, qui enveloppe les couleurs de courbes géométriques serait-il un brin lié au graphisme exacerbé – mais bien plus rigide – du jeune Bernard ? La question laisse songeur.
« Claude Venard révèle des facultés de renouvellement qui reposent sur le solide métier d’un peintre dont Jean Cocteau a dit qu’il était le plus doué de sa génération. »[1] écrit Vincent Breton pour le catalogue de Vercel, galeriste parisien favori de Claude Venard.
Admiré par ses pairs, à l’instar de Jean Cocteau donc, mais aussi des hommes de lettres et des intellectuels, Claude Venard se situe au carrefour de toutes les écoles artistiques : associé au post-cubisme, ses compositions tendent de plus en plus vers l’abstrait, renouvelant sans cesse le langage traditionnel de la peinture : natures mortes, paysages, scène de genre, portraits…Toutes ces représentations – engins volants, villes et détails architecturaux, compotiers aux fruits mûrs…- sont mises en scène dans une esthétique chère au peintre : souvent très colorée, très en matière, avec des effets de reliefs et de texture bruts.
Les objets, les personnages, en un mot les éléments constitutifs de l’image, sont enfermés dans un cerne noir plus ou moins épais, mais toujours présent et à tendance géométrique. L’aspect novateur de ses œuvres naît de cette stylisation des formes, alliée à un usage de la spatule et du couteau presque grossier, volontairement visible.
La Nature Morte proposée par la Galerie Hurtebize à Cannes est caractéristique de son travail : sur un format carré, que l’auteur a souvent employé pour ses natures mortes, Venard propose un compotier aux fruits sur une table, à côté d’un chandelier. Dans une gamme de couleurs rose-orange, de bleus pastels et de vert, avec des touches de blanc et de noir, il offre sa maîtrise du jeu de la perspective non-albertienne et de l’équilibre, d’inspiration cubiste. Mais il confère aussi des reliefs, des épaisseurs à sa peinture, de façon à l’animer par les empâtements et les mouvements visibles du pinceau et du couteau. Cette nature morte est une représentation picturale : par son jeu de couleurs non représentatives, sa géométrie approximative et la présence de la matière étalée avec une rudimentaire spatule, Claude Venard nous le réaffirme. L’illusionnisme n’est plus, vive l’imaginaire de l’artiste !
Cette manière de peindre initiée par les impressionnistes et l’école de Gauguin a pour but de célébrer de manière honnête la beauté de la Nature, avec un langage qui ne triche pas en tentant de la contrefaire :
«Venard aime la nature, il vit avec, mais ne prend aucune familiarité avec elle.
Il n’appelle pas la mer « ma grande bleue » ni le littoral
« ma petite côte d’azur ».
Et la nature lui en sait gré. »[2]
Cette analyse d’un artiste respectueux des sujets qu’il traite, c’est le poète Jacques Prévert, grand ami du peintre, qui nous la livre.
Si la Nature est au cœur des recherches de Venard, l’architecture compte également parmi ses sujets de prédilection. La Cathédrale, accrochée aux cimaises de la Galerie Hurtebize, et anciennement dans la collection de l’actrice Danielle Darrieux, représente une église anonyme, sans aucun doute d’invention. Le format allongé, propice à la peinture d’un monument, se constitue d’un fond vieux rose repassé d’épaisses touches grises. Sur cette aube spectaculaire se détache le monument, à dominante grise, comme la pierre qu’il représente. Le travail des textures y est incroyable, virtuose : Venard ose mêler sable et peinture à l’huile pour y représenter quelques briques, la toiture est reprise avec des effets granuleux, un grillage semble avoir été appliqué sur certaines zones pour texturer les parois de cette église imaginaire par empreinte de quadrillage.
Ainsi, dans une palette presque monochrome, Venard arrive à créer une grande diversité de touches et de détails qui rendent cette façade de cathédrale presque tangible, réelle, le tout dans un style paradoxalement non-illusionniste.
Ainsi, le travail de Claude Venard s’est porté sur le trait tout autant que sur la couleur et les effets de matière : un peintre complet, à venir découvrir ou redécouvrir dans le parcours d’exposition de la Galerie Hurtebize à Cannes !
Marie Cambas
Dernière arrivée dans l’équipe, Marie est diplômée de l’Ecole du Louvre et de la Sorbonne en histoire et en histoire de l’art. Spécialisée en peinture ancienne, elle se tourne ensuite vers l’art Moderne et intègre la galerie en 2018.
La Galerie se met à l’heure du numérique
La Galerie Hurtebize est présente sur les réseaux sociaux, – Facebook, Instagram, Pinterest, Linkedin – mais aussi sur des médias digitaux spécialisés où elle dispose d’une galerie virtuelle, comme Artnet, Artprice, et tout récemment, la plateforme internationale de vente en ligne Artsy.
L’importance croissante du monde du web pousse le milieu artistique à se renouveler depuis environ quinze ans. Les grandes maisons de vente, mais aussi les foires et les marchands ont dû se convertir à ce mode de communication innovant qui transgresse les frontières physiques.
Dans son projet digital, la Galerie Hurtebize développe plusieurs axes.
La Galerie et son double digital
Il y a tout d’abord le rôle de « vitrine », qui a pour but de donner à voir l’espace réel, à Cannes, et l’identité de l’entreprise, à travers une sélection d’œuvres mises en valeur afin d’indiquer les spécialités et le domaine d’expertise de Dominique Hurtebize et son équipe. L’art abstrait d’après-guerre, d’Hans Hartung à Georges Mathieu en passant par André Marfaing ou Jean Miotte y est bien représenté. Mais sur Instagram ou Pinterest, plateformes dédiées aux photographies, vous trouverez également des images des toiles de Bernard Buffet, Claude Venard, Joan Mirò ou de contemporains tels que Robert Combas ; autant de créations où la figuration règne en maîtresse.
Le double digital de la Galerie propose aussi un résumé de son histoire et sa généalogie. Sur son site internet, en plus d’un historique et d’une description des membres qui la composent, vous trouverez un récapitulatif des foires à laquelle elle a participé. Ces éléments se retrouvent de manière ponctuelle sur Facebook ou Linkedin, ainsi que dans les newsletters réalisées en fonction des événements.
Dans une démarche complémentaire, la Galerie a choisi de s’orienter vers les magazines d’art, qui ont eux aussi adapté leurs modules à la virtualité. Dans les journaux tels que Beaux-Arts Magazine, vous pouvez retrouver des articles qui mettent en avant les œuvres phares de la Galerie, ou les artistes qu’elle défend, comme le contemporain Jean-Jacques Marie, adepte d’une peinture où s’allient spontanéité du geste et colorisme intense.
Les articles du site internet ainsi que les newsletters proposent aussi une interprétation des actualités culturelles et des gros plans sur l’Art Moderne. Ainsi, la Galerie s’adresse à des lecteurs curieux, amateurs ou novices afin de les sensibiliser aux problématiques du monde de l’Art, ainsi qu’aux personnalités dont elle s’attache à représenter le travail.
La vente en ligne et les nouvelles plateformes
Outre cette identité digitale, la Galerie Hurtebize propose aussi ses œuvres à la vente sur internet.
Depuis plusieurs années, elle est présente sur Artnet et sur Artprice, deux plateformes internationales dédiées à la vente en ligne grâce à une « marketplace » où les professionnels insèrent leurs annonces, mais où les abonnés peuvent aussi consulter les résultats de vente aux enchères. Les deux sites se sont d’abord faits connaître pour cette fonctionnalité de recensement, qui permet de rendre compte en temps réel de la cote des artistes. Ce n’est qu’un peu plus tard que leur page de vente en ligne a pris son essor, grâce à la qualité et à la rigueur de leur sélection de marchands d’art.
Dernièrement, c’est sur Artsy qu’ont été listées les œuvres à vendre. Cette plateforme intuitive a été créée en 2010 par le fils d’un historien d’art durant ses études à Princeton University. Les acheteurs et les vendeurs sont agréés par le site, qui se conçoit donc comme une place ultra-sécurisée du marché de l’art mettant en relation acquéreurs et professionnels du secteur. Les plus grandes galeries américaines et européennes participent à l’élan porté par Artsy, et font de cette nouvelle place de vente en ligne l’une des plus intéressantes et actives.
Si les réseaux sociaux permettent une mise en avant de l’identité artistique de la Galerie, ainsi qu’une interaction avec les autres acteurs du marché – galeries, foires, acquéreurs, qui y ont aussi un profil-, les journaux et le site internet de la Galerie favorisent le développement de son image d’expertise scientifique. Le troisième aspect développé sur la toile est celui de la vente à travers trois plateformes reconnues pour leur sérieux et leur rayonnement international.
C’est dans ces directions que la Galerie Hurtebize projette de poursuivre le développement de sa stratégie numérique.
Marie Cambas
Dernière arrivée dans l’équipe, Marie est diplômée de l’Ecole du Louvre et de la Sorbonne en histoire et en histoire de l’art. Spécialisée en peinture ancienne, elle se tourne ensuite vers l’art Moderne et intègre la galerie en 2018.