Les années 1970
« … dans les années 1970, le peintre s’est fait graphiste, architecte et designer, et même académicien, sans rien perdre de sa verve » Domino – Les Journal des Arts – 19 juin 2021
En 1976, Georges MATHIEU, artiste hyperactif et prolifique, devient académicien, peint 85 tableaux, écrit de nombreux articles pour Le Monde, The Times, Die Welt, La Stampa…, participe à plusieurs émissions radiophoniques et télévisuelles, et a en parallèle une activité très intense dans le domaine des Art Appliqués : bouteille de champagne, médailles, bons du trésor, porcelaines… Cette période extrêmement féconde l’ouvre à de nouvelles expériences artistiques mues par le désir de rendre l’art accessible au plus grand nombre.
L’artiste a souvent travaillé par séries : les Batailles, les Mégapoles, les Hommages… La toile dont nous parlons ici fait partie d’une suite de 20 tableaux peints pour son exposition personnelle à la Galerie Dominion de Montréal, plus grande et prestigieuse galerie du Canada. Nous n’avons retrouvé ni article, ni catalogue ou film de cet événement mais toutes les œuvres sont reproduites dans le livre référence « Mathieu, 50 ans de création » (éd. Hervas, Paris 2003, pp.272-273). A la lecture des titres attribués à chaque œuvre, la série devient claire : toutes portent des noms de villes ou d’îles grecques et crétoises.
Le style est typique des années 70 : un graphisme raide, très architecturé et rigoureux, sur un fond travaillé tout en nuances de manière à ce qu’il ne s’efface pas derrière le trait mais qu’il prenne pleine place dans la composition globale.
La couleur est toujours prépondérante, dans le contraste et l’éclat, et joue son rôle de premier plan dans un réseau de « supersignes » enchevêtrés dans l’épaisseur de la matière, mais elle permet également de ranimer le fond par un traitement à la fois vaporeux et soutenu. La figure est fortement concentrée sur la douceur évanescente du fond rose au cœur clair qui s’assombrit vers le brun en approchant des bords de la toile.
Stylisation abstraco-figurative
En 1967, Georges Mathieu réalise une série d’une vingtaine d’affiches pour Air France, chacune devant figurer un pays. Bien sûr, en faisant appel à un artiste abstrait, le plus lyrique de surcroit, la compagnie aérienne savait ne pas devoir s’attendre à une représentation figurative des états. Pourtant, Georges Mathieu a su trouver pour chacun un graphisme particulier, des couleurs dédiées, une gestuelle appropriée qui nous permettent de « reconnaître » le pays concerné par une simple évocation fine de l’artiste. Edouard Lombard parle ici de « stylisation abstraco-figurative ».
Observons :
En 1976, Georges MATHIEU, artiste hyperactif et prolifique, devient académicien, peint 85 tableaux, écrit de nombreux articles pour Le Monde, The Times, Die Welt, La Stampa…, participe à plusieurs émissions radiophoniques et télévisuelles, et a en parallèle une activité très intense dans le domaine des Art Appliqués : bouteille de champagne, médailles, bons du trésor, porcelaines… Cette période extrêmement féconde l’ouvre à de nouvelles expériences artistiques mues par le désir de rendre l’art accessible au plus grand nombre.
L’artiste a souvent travaillé par séries : les Batailles, les Mégapoles, les Hommages… La toile dont nous parlons ici fait partie d’une suite de 20 tableaux peints pour son exposition personnelle à la Galerie Dominion de Montréal, plus grande et prestigieuse galerie du Canada. Nous n’avons retrouvé ni article, ni catalogue ou film de cet événement mais toutes les œuvres sont reproduites dans le livre référence « Mathieu, 50 ans de création » (éd. Hervas, Paris 2003, pp.272-273). A la lecture des titres attribués à chaque œuvre, la série devient claire : toutes portent des noms de villes ou d’îles grecques et crétoises.
Stylisation abstraco-figurative
En 1967, Georges Mathieu réalise une série d’une vingtaine d’affiches pour Air France, chacune devant figurer un pays. Bien sûr, en faisant appel à un artiste abstrait, le plus lyrique de surcroit, la compagnie aérienne savait ne pas devoir s’attendre à une représentation figurative des états. Pourtant, Georges Mathieu a su trouver pour chacun un graphisme particulier, des couleurs dédiées, une gestuelle appropriée qui nous permettent de « reconnaître » le pays concerné par une simple évocation fine de l’artiste. Edouard Lombard parle ici de « stylisation abstraco-figurative ».
Observons :
Voici les mots de l’artiste qui nous dévoile ses inspirations pour chacune des affiches ci-dessus reproduites :
« USA : Le dynamisme infernal. Le métal, le fer, l’acier. Des orientations implacables. Des conduites parallèles, des forces parallèles, des motivations parallèles, l’efficacité efficace. Un élan irrépressible. L’avenir gigantesque. »
« Grande-Bretagne : Le folklore dans toute son évidence, les chamarrures, les broderies, les armoiries, la pompe. Un art d’exprimer sa singularité sous le couvert du conformisme. Le rouge des uniformes, des autobus. Les barrières, les séparations, les clans. La rigueur, le respect, le noir ».
« Grèce : un idéal limité à l’anthropomorhisme. L’esprit réduit à deux dimensions : la raison et les sens. Le Cosmos ramené à la mesure de l’homme. Telle m’apparaît la Grèce dont le ciel n’est guère plus haut que les colonnes. En revanche il est bleu. »
Et s’il avait suivi ce même principe de travail pour cette série de toiles sur les sites grecs et crétois ? Nous nous donnons la liberté de le croire ! Ne disposant d’aucun support ou information, outre les photographies des œuvres de cette exposition à Montréal, nous avons décidé de partir (virtuellement, surtout en période de pandémie…) en Grèce et en Crète afin d’observer les lieux retenus par l’artiste : Mytilène, Olympie, Kyllini, Lato, Knossos, Ghythion…
Observons pour exemple 3 toiles de cette série:
Comparons avec ce que l’on peut trouver concernant ces villes :
Alors oui, personnellement, je vois dans « Knossos » le plan du Palais que l’on visite aujourd’hui en se perdant dans le dédale des vestiges. Dans « Lato », l’artiste représente une grande arabesque qui pourrait tout à fait figurer le théâtre antique que l’on observe sur la partie gauche de la photo ci-dessus.
Et concernant Mytilène, suis-je seule à reconnaître nettement le dôme blanc de l’église grecque orthodoxe d’Agios Therapontas surmontée de sa croix dans l’œuvre de Mathieu ?
Elle est bien là, tapie derrière les énergiques lignes rouges, noires et pourpres, blanche, immaculée, à la fois discrète et imposante. Sa présence irradie malgré la légèreté et la clarté du trait, vaporeux, contrasté par l’épaisseur et la raideur de la composition énergique du premier plan. Bien sûr, nous ne sommes pas dans une représentation figurative de Mytilène, loin s’en faut ! Le sujet est traité à la manière de Mathieu, dont le signe précède toujours la signification, qui se fie à son intuition et en appel à la spiritualité, à la spontanéité du geste alternativement sinueux et strict, aux formes libres et élégantes qu’il maîtrise parfaitement afin de créer son anagogie du paysage étudié.
Si Georges Mathieu diversifie ses activités créatrices dans les années 70, la peinture reste le cœur de son travail. Vitesse, improvisation, concentration, rapport figure/fond restent les maîtres-mots de son œuvre, quel que soit le support choisi. Cette décennie sera l’apothéose de ses recherches vers un but unique : l’accès de tous à une sensibilité esthétique.
« Tenter de faire passer l’affectivité, la beauté, l’imagination et la poésie avec la raison dans l’intelligence pour promouvoir celle-ci à sa plénitude » G.MATHIEU, « Désormais seul face à Dieu », éd.L’Age d’Homme, Lausanne 1998, p.86
Maud Barral
Après une expérience de 15 ans passés aux côtés de Jean Ferrero, directeur de la galerie historique de l’École de Nice et des Nouveaux Réalistes, Maud a ensuite défendu la jeune création contemporaine durant 5 ans, au sein de sa propre galerie, avant de rejoindre l’équipe de la Galerie Hurtebize en 2015.