Mises en scène à la Galerie Hurtebize : l’art à domicile
Pour les fêtes de fin d’année, à l’occasion de son exposition spéciale jusqu’au 11 janvier, la Galerie Hurtebize innove en proposant trois vitrines inédites.
À chacun des espaces son ambiance : néons aux couleurs électriques, bistrot parisien, ou prolongement des tableaux par des taches colorées dans une décoration chaleureuse. Ces atmosphères variées sont les écrins des œuvres qu’elles reflètent : le colorisme raffiné des deux bouquets jaunes de Bernard Buffet dans une pièce agencée autour de cette couleur, la suavité des nus de Michel Mousseau réalisés lors de ses années de bohème à Paris, sur le coin d’une table de brasserie dans les années 60, ou le dynamisme des abstractions chatoyantes de Jean-Jacques Marie.
Ces mises en scène qui intègrent des œuvres d’art permettent d’imaginer des intérieurs en donnant des idées de possible disposition des toiles dans une habitation, ou dans un espace dédié, comme par exemple une salle de restaurant ; en un mot, il s’agit pour les particuliers et les entreprises de pouvoir projeter les tableaux dans l’espace de leur choix.
Ce projet innovant de mise en situation dans les vitrines est l’un des éléments d’un dispositif complet proposé par la Galerie Hurtebize à Cannes.
En effet, la problématique d’une galerie d’art réside souvent, pour les collectionneurs, dans le fait de pouvoir imaginer l’œuvre convoitée chez soi, ou au sein de son entreprise. La place sera-t-elle la bonne ? Le format sera-t-il adéquat avec l’emplacement souhaité ?
La Galerie Hurtebize a fait le choix de proposer trois intérieurs inédits afin d’aider particuliers et sociétés désirant se lancer dans une acquisition :
Le premier espace est une salle où le jaune domine, avec un fauteuil « arty » aux projections de peinture, des cercles jaunes sortant des tableaux – deux bouquets de Bernard Buffet – pour glisser sur le mur et jusque sur le sol. Cette idée très originale correspond à tout amoureux de la décoration d’intérieur et du design, mêlant art pictural et goût pour une disposition inhabituelle.
Le second aménagement, à disposition des professionnels, reprend les codes du bistrot parisien, de la nappe à carreaux rouges et blancs aux ballons à vin disposés à côté d’une “bouteille de rouge”, afin de rappeler les années de création de Michel Mousseau à Paris, dans la poésie des nuits populaires passées accoudé aux bars de la capitale.
Une troisième pièce convie des néons, un petit salon aux allures vintage ainsi qu’une étonnante cabine de téléphone anglaise rouge vif pour encadrer les œuvres aux couleurs électriques de Jean-Jacques Marie, artiste contemporain dont les projections de peinture aux mille couleurs tourbillonnent sur la toile.
Avec ce projet de vitrines imaginées comme des pièces de vie, la Galerie permet d’envisager les œuvres sous un autre angle, en proposant un support à la projection de l’acquéreur dans son propre intérieur, ou même en lui donnant des idées de disposition originale. En somme, il s’agit d’inviter l’art directement à domicile.
La Galerie Hurtebize propose deux autres services pour renforcer cette aide aux collectionneurs.
Depuis plusieurs années, elle a fait le pari du digital, et propose depuis l’an dernier une mise en situation virtuelle : vous pouvez envoyer la photographie de la pièce de votre choix, et l’équipe de la Galerie se propose d’y positionner comme vous le souhaitez l’œuvre retenue, en respectant les dimensions et les proportions œuvre-pièce.
De même, la Galerie met régulièrement en ligne sur ses réseaux sociaux et ses lettres d’informations des mises en situation d’œuvres dans des intérieurs, afin de proposer des combinaisons originales entre toiles, espace et mobilier.
Enfin, la Galerie Hurtebize peut s’engager à venir positionner l’œuvre chez le collectionneur, afin que ce dernier puisse se rendre compte non pas virtuellement mais bien réellement de l’effet obtenu par la disposition du tableau dans l’espace envisagé. Cette dernière possibilité n’implique aucunement l’achat imposé, mais permet simplement un choix du potentiel acquéreur.
Marie Cambas
Dernière arrivée dans l’équipe, Marie est diplômée de l’Ecole du Louvre et de la Sorbonne en histoire et en histoire de l’art. Spécialisée en peinture ancienne, elle se tourne ensuite vers l’art Moderne et intègre la galerie en 2018.
Venez visiter l'exposition de fin d'année à la Galerie Hurtebize !
Venez découvrir les oeuvres de nos artistes contemporains, idéales pour des cadeaux originaux et inattendus.
Marie Cambas
Dernière arrivée dans l’équipe, Marie est diplômée de l’Ecole du Louvre et de la Sorbonne en histoire et en histoire de l’art. Spécialisée en peinture ancienne, elle se tourne ensuite vers l’art Moderne et intègre la galerie en 2018.
Bernard Buffet : Deux Natures mortes « transition » des années 60 à découvrir en exclusivité à la Galerie Hurtebize !
Bernard Buffet est un artiste de l’Art Moderne dont le travail est défendu depuis plusieurs décennies par la Galerie Hurtebize à Cannes. Deux nouveaux bouquets signés par le maître font leur entrée cette semaine parmi les pièces exceptionnelles proposées par Dominique Hurtebize et son équipe.
Des bouquets « transition » : du style misérabiliste aux jeux d’épaisseurs colorées
Datés respectivement de 1964 et 1966, ces deux bouquets se détachent sur un fond gris-blanc très travaillé. Disposés négligemment sur un coin de table, où s’étire une simple nappe blanche, ils exhibent leurs pétales chargés de matière picturale ; ces empâtements leur confèrent un relief saisissant, tandis que le reste de l’espace apparaît comme effacé et bi-dimensionnel.
Le travail des épaisseurs se développe tôt chez Bernard Buffet, qui s’est pourtant fait connaître dans le Paris de la fin des années 1940 grâce à une peinture dite « misérabiliste », à la composition simple et remplie de vides, à la fois pauvre en couleurs et pauvre en matière.
Reflet du drame intérieur du jeune homme au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, son trait graphique implacable et son style dépouillé, décharné, ont très rapidement impressionné les milieux érudits et culturels, ainsi que le grand public auprès duquel son succès ne s’est jamais démenti : « Il se dégage de ces peintures une impression de puissance malsaine et inquiétante. Elles feront scandale et feront naître bien des discussions au sujet de ce jeune peintre dont on annonce sans cesse la fin et qui renaît toujours avec une oeuvre nouvelle et déconcertante. »
Ce renouveau indiqué par André Warnod ne se fait pas attendre : dès les années 1950-1955, les tons colorés et les jeux d’épaisseurs prennent forme dans la peinture de Buffet, ce dont témoignent ces deux magnifiques pièces florales.
C’est aussi l’époque où, aidé de son compagnon Pierre Bergé, qu’il délaissera bientôt pour Anabel, Bernard Buffet élabore soigneusement sa signature : silhouette déchiquetée, lettres stylisées, elle devient un élément important de la composition de ses oeuvres, prenant une place de plus en plus prépondérante sur la toile. Ces deux natures mortes signées et datées sur le quart droit de la composition l’illustrent bien.
Bernard Buffet est innovant à une période où c’est l’art abstrait qui déploie ses formes et ses couleurs sur la scène internationale. Son choix est radical ; il se fait le chantre des sujets les plus académiques – natures mortes, nus, paysages, scènes mythologiques et religieuses – tout à fait passés de mode. Quand on lui demande ce qu’il pense de l’art abstrait, l’« enfant triste » de l’art, comme le nomment les médias, répond : « Je suis violemment contre. Cette peinture ne se base que sur des rapports de couleurs ; elle méprise la forme. » La forme, Buffet la rend à ses sujets grâce à un vigoureux trait noir, anguleux, agressif, qui enferme les couleurs comme derrière les barreaux d’une prison de lignes. C’est ce style chargé d’émotions qui a permis à l’artiste de vaincre l’académisme des thèmes choisis, et d’en faire de nouvelles vanités dans le contexte d’après-guerre.
Ainsi, ces deux bouquets soulignent les choix artistiques de Buffet, mais aussi son évolution stylistique : nous y voyons un fond blanchâtre et triste issu de son travail des années 40-50, misérable, vide, sans ombre et bi-dimensionnel. Sur ce mur anonyme tout à fait antinaturaliste se détache une table triangulaire mettant au défi toute idée de perspective, sur laquelle est posé un pichet (tableau de 1966) ou un vase façon Gallé (tableau de 1964). Des tiges rigides striant la composition naissent des ombelles au jaune éclatant, et des fleurs jaunes et bleues aux couleurs profondes. Ces fleurs très en relief sur la toile sont réalisées avec des épaisseurs de peinture d’une incroyable densité. Ce sont les seuls éléments à la fois puissamment colorés et en relief – pour ainsi dire, il s’agit-là du vrai sujet des tableaux. Le vide spatial met en avant ces pétales hautement chargés en matière, issus des nouvelles trouvailles picturales de Bernard Buffet au tournant des années 60.
Voici donc deux explosions florales sur fond d’une grande tristesse monochromatique, témoignages du caractère brillant mais éphémère de la vie, destinées à faner pour rejoindre bientôt la couleur blanc sale des murs.
Dès les années 1950, Bernard Buffet travaille les natures mortes avec ardeur : « Ce que je fais en ce moment est un peu différent – tu verras toi-même ces chefs d’oeuvres incontournables au mois de février – ce sont de grandes natures mortes très colorées et suaves de ton » écrit-il à Pierre Descargues en décembre 1950.
Dans les années 1960, il élabore une nouvelle manière de les traiter, en y insérant des couleurs vives et des épaisseurs pour mieux en rendre le caractère agressif, éphémère, grotesque. Il poursuivra ce travail de coloriste tout au long de sa vie, et dans les dernières années ce sont des tons fluos qui caractériseront-même ses compositions, des couleurs criardes capables de dénoncer plus fortement encore la finitude et le caractère burlesque de l’homme à travers le symbolisme de la vanité.
Gros Plan : L’antinaturalisme comme impossibilité de pénétrer le réel ?
Le symbolisme des sujets traités par Bernard Buffet nous apparaît aujourd’hui comme acéré et implacable. Ses traits noirs tout comme ses couleurs violentes crient à nos yeux la misère de l’homme, dans un style qui ne cherche en aucune manière l’illusionnisme. Qu’en pense Dominique Gagneux – historienne de l’art ayant participé à la rétrospective sur Bernard Buffet en 2017, Musée d’art Moderne de la Ville de Paris ?
« Les objets présents dans la peinture de Buffet sont reconnaissables et renvoient à une réalité datable : les paniers à bouteilles, les dessous de plats, les nappes ou les moulins à café sont des ustensiles familiers que les critiques de l’époque se plaisent à inventorier. Mais une fois passée cette première lecture, différents éléments structurants se révèlent : dans les portraits et autoportraits, les figures sont enserrées dans un cadre de lignes qui divisent exactement l’espace ; dans les natures mortes, les tables ou les nappes à carreaux sans plis ni volume nient la perspective classique et rabattent les objets sur le plan du tableau. Ces perpendiculaires, qui sont à l’origine les coutures assemblant les morceaux de tissu lui servant de toile, sont devenues des lignes peintes. (…)
Cet antinaturalisme, dès 1947, démontre que la peinture de Buffet semble n’avoir d’autre but qu’elle-même, d’où la difficulté de cerner une oeuvre qui a pu, à ses débuts au moins, être classée comme misérabiliste et expressionniste, ou rapprochée de l’existentialisme sartrien. Ses objets, certes, ressemblent par bien des aspects à ceux de Francis Ponge, par leur humilité, leur neutralité et leur appartenance à un monde clos. (…) La peinture de Bernard Buffet établirait donc davantage de rapports avec le Nouveau Roman, sa virtuosité d’écriture, son atmosphère froide et angoissante. Les descriptions objectives et minutieuses d’Alain Robbe-Grillet qui traduisent l’étrangeté d’un monde ne permettent pas plus de pénétrer les objets que les oeuvres de Buffet. »
Ainsi, Bernard Buffet fait le choix de l’anti-héros anonyme, aux traits non reconnaissables, tout comme le mouvement littéraire du Nouveau Roman célèbre l’avénement du sujet sans identité précise, cet « il » ou « elle » sans nom, sans visage. Ce triste héros, perdu dans le vide des compositions, ou dans la violence des couleurs, c’est le clown triste qui tient un bouquet aux tons excessifs, c’est Bernard Buffet, jeune homme consumé par les atrocités de la guerre, c’est le spectateur, qui, comme les beaux bouquets de la Galerie Hurtebize, ne pourra échapper à son propre cycle.
Venez découvrir ou redécouvrir l’art expressif et essentiel de Bernard Buffet à travers plusieurs oeuvres proposées dans le parcours d’exposition de la Galerie Hurtebize à Cannes.
Marie Cambas
Dernière arrivée dans l’équipe, Marie est diplômée de l’Ecole du Louvre et de la Sorbonne en histoire et en histoire de l’art. Spécialisée en peinture ancienne, elle se tourne ensuite vers l’art Moderne et intègre la galerie en 2018.
[1]André Warnod, Le Figaro, 8 février 1954, p. 22.
[2]Bernard Buffet, Revue Arts n° 658, 19 février 1958.
[3] Bernard Buffet à Pierre Descargues, le 5 décembre 1950, in Rétrospective Bernard Buffet, Catalogue, Musée d’art Moderne de la Ville de Paris, 2017, p.21.
[4]Dominique Gagneux, « Bernard Buffet, l’oxymore ou les paradoxes d’un peintre », in Rétrospective Bernard Buffet, Catalogue, Musée d’art Moderne de la Ville de Paris, 2017 , p. 86-87.
Une nouvelle oeuvre de Georges Mathieu à la Galerie Hurtebize !
Malgré le confinement et la conjoncture actuelle, la Galerie Hurtebize poursuit son activité d’achat-vente d’oeuvres d’art. Spécialisée dans l’art d’après-guerre et notamment dans le courant dit de l’Abstraction Lyrique, elle vient d’acquérir une oeuvre d’un des artistes phares du courant : Georges Mathieu, considéré avec Hans Hartung, Gérard Schneider et Pierre Soulages comme l’un des pères de cette école novatrice dans la France d’après 45.
Obsessions vides : une oeuvre typique du travail à l’alkyde
Obsessions Vides est une oeuvre sur toile, réalisée entre 1988 et 1989.
Typique de la seconde phase du travail de Georges Mathieu, qui avait été remise à l’honneur par la Galerie Templon en 2012, elle met en scène sur un fond sombre une coulée de peinture que viennent éclabousser de remarquables et brillantes projections d’alkyde, une peinture utilisée par Georges Mathieu dès les années 1980, remplaçant l’huile et l’acrylique précédemment employées par le maître.
Cette nouvelle pâte est une peinture à l’eau utilisant une résine (dite « alkyde » justement), qui confère une grande stabilité à la matière une fois sèche. Elle ne craint plus l’humidité, car elle combine les caractéristiques de la peinture acrylique et de la peinture glycéro, la rendant à ce titre extrêmement solide.
L’apparition de cette nouvelle matière résineuse éclatante dans les années 1980 a poussé Georges Mathieu à utiliser son pinceau autrement, ou plutôt ses tubes, car Mathieu est aussi le père de ce que la critique a nommé le « tubisme », le fait de peindre directement avec les tubes de peinture sur le support.
1985 : le choix d’une gestuelle plus visuelle
Le tournant dans l’oeuvre de Mathieu se situe en 1985 : à partir de cette date, il délaisse son langage calligraphique, qui était l’élément central et centré de ses compositions à l’huile, pour laisser jaillir une pluie de projections de couleurs vives et de coulures qui occupent l’espace du tableau de manière plus ou moins aléatoire.
Cette nouvelle manière de peindre est développée par un Mathieu performer s’étant laissé séduire par l’Action Painting d’outre-atlantique, technique rendue célèbre par Jackson Pollock.
Ainsi, la peinture a pris chez Mathieu une dimension spectaculaire, au sens littéral du terme : l’acte de peindre lui-même devient une performance théâtrale à laquelle le public et la télévision sont conviés.
Il avait déjà initié cet aspect visuel et participatif de son travail lors de la création de l’oeuvre Les Capétiens Partout ! ( aujourd’hui conservée au Centre Pompidou, Paris) réalisée en 1954 devant le Château de Larcade à Saint-Germain-en-Laye. Déjà tachiste, déjà homme de spectacle, Georges Mathieu avancera toute sa carrière dans une recherche de la quintessence du geste pictural : ses mouvements s’exacerbent, et se font plus vifs, plus abstraits, plus belliqueux même dans cette phase que beaucoup ont dite « cosmique ».
Une éternelle quête de sens
Que vient faire-là le cosmos ?
Les taches vives qui animent les fonds sombres des oeuvres de cette période tardive sont comme des boules de feu et des planètes gravitant dans une atmosphère obscure. Georges Mathieu ne nomme plus ses toiles du nom de personnages historiques ou de batailles fameuses du passé, mais il fait appel à des concepts philosophiques inquiets, « obsessions vides », « calvaire vain », « aveux obscurs ». Ces titres donnés dès 1985 marquent une nouvelle réflexion, à la fois apocalyptique et eschatologique, qui se tourne vers la philosophie existentialiste de Sartre, qui règne alors en maître au café de Flore.
Georges Mathieu a commencé par étudier la philosophie à l’Université avant de prendre les pinceaux, et c’est donc en élève-philosophe et esprit érudit qu’il travaille ; l’expressivité de sa peinture reflète les questions existentielles de l’Homme sur sa place dans le Monde et sa capacité à se faire démiurge de sa propre vie.
Depuis plus d’un an, les oeuvres de Georges Mathieu connaissent un regain d’intérêt auprès des collectionneurs et de la critique. De Hong-Kong à New-York, en passant bien-sûr par Paris, les réalisations abstraites du peintre s’envolent à des prix qui ne cessent de croître.
La Galerie Hurtebize défend depuis de nombreuses années le travail de ce virtuose de la peinture, et est fière de proposer dans son parcours d’exposition une nouvelle toile signée Mathieu.
Marie Cambas
Dernière arrivée dans l’équipe, Marie est diplômée de l’Ecole du Louvre et de la Sorbonne en histoire et en histoire de l’art. Spécialisée en peinture ancienne, elle se tourne ensuite vers l’art Moderne et intègre la galerie en 2018.
Claude Venard (1913-1999) : Le cubisme réinventé
Claude Venard est un artiste d’après-guerre, célèbre auprès des amateurs de l’École de Paris.
Au fil des années, grâce à son style unique, brut et coloré, il s’est taillé une réputation considérable à l’international.
Né en 1913 dans la capitale française, il se forme auprès d’un restaurateur du Musée du Louvre.
Il se refuse à étudier aux Beaux-Arts, institution trop académique pour lui.
L’année 1936 marque un tournant dans sa carrière : il participe à l’exposition du groupe Les Forces Nouvelles, dont font aussi partie Pierre Tal-Coat et André Marchand. Ces artistes souhaitent le retour aux principes de l’artisanat. Mais Venard a une sensibilité un peu différente, et s’éloigne du mouvement pour trouver sa propre voie.
Grand coloriste aux influences cubistes, son style a exercé une influence marquante sur la jeune génération d’alors, dont Bernard Buffet est sans doute le peintre le plus célèbre aujourd’hui. Venard est en effet l’un des premiers à avoir conseillé le jeune prodige. Le trait noir de Claude, qui enveloppe les couleurs de courbes géométriques serait-il un brin lié au graphisme exacerbé – mais bien plus rigide – du jeune Bernard ? La question laisse songeur.
« Claude Venard révèle des facultés de renouvellement qui reposent sur le solide métier d’un peintre dont Jean Cocteau a dit qu’il était le plus doué de sa génération. »[1] écrit Vincent Breton pour le catalogue de Vercel, galeriste parisien favori de Claude Venard.
Admiré par ses pairs, à l’instar de Jean Cocteau donc, mais aussi des hommes de lettres et des intellectuels, Claude Venard se situe au carrefour de toutes les écoles artistiques : associé au post-cubisme, ses compositions tendent de plus en plus vers l’abstrait, renouvelant sans cesse le langage traditionnel de la peinture : natures mortes, paysages, scène de genre, portraits…Toutes ces représentations – engins volants, villes et détails architecturaux, compotiers aux fruits mûrs…- sont mises en scène dans une esthétique chère au peintre : souvent très colorée, très en matière, avec des effets de reliefs et de texture bruts.
Les objets, les personnages, en un mot les éléments constitutifs de l’image, sont enfermés dans un cerne noir plus ou moins épais, mais toujours présent et à tendance géométrique. L’aspect novateur de ses œuvres naît de cette stylisation des formes, alliée à un usage de la spatule et du couteau presque grossier, volontairement visible.
La Nature Morte proposée par la Galerie Hurtebize à Cannes est caractéristique de son travail : sur un format carré, que l’auteur a souvent employé pour ses natures mortes, Venard propose un compotier aux fruits sur une table, à côté d’un chandelier. Dans une gamme de couleurs rose-orange, de bleus pastels et de vert, avec des touches de blanc et de noir, il offre sa maîtrise du jeu de la perspective non-albertienne et de l’équilibre, d’inspiration cubiste. Mais il confère aussi des reliefs, des épaisseurs à sa peinture, de façon à l’animer par les empâtements et les mouvements visibles du pinceau et du couteau. Cette nature morte est une représentation picturale : par son jeu de couleurs non représentatives, sa géométrie approximative et la présence de la matière étalée avec une rudimentaire spatule, Claude Venard nous le réaffirme. L’illusionnisme n’est plus, vive l’imaginaire de l’artiste !
Cette manière de peindre initiée par les impressionnistes et l’école de Gauguin a pour but de célébrer de manière honnête la beauté de la Nature, avec un langage qui ne triche pas en tentant de la contrefaire :
«Venard aime la nature, il vit avec, mais ne prend aucune familiarité avec elle.
Il n’appelle pas la mer « ma grande bleue » ni le littoral
« ma petite côte d’azur ».
Et la nature lui en sait gré. »[2]
Cette analyse d’un artiste respectueux des sujets qu’il traite, c’est le poète Jacques Prévert, grand ami du peintre, qui nous la livre.
Si la Nature est au cœur des recherches de Venard, l’architecture compte également parmi ses sujets de prédilection. La Cathédrale, accrochée aux cimaises de la Galerie Hurtebize, et anciennement dans la collection de l’actrice Danielle Darrieux, représente une église anonyme, sans aucun doute d’invention. Le format allongé, propice à la peinture d’un monument, se constitue d’un fond vieux rose repassé d’épaisses touches grises. Sur cette aube spectaculaire se détache le monument, à dominante grise, comme la pierre qu’il représente. Le travail des textures y est incroyable, virtuose : Venard ose mêler sable et peinture à l’huile pour y représenter quelques briques, la toiture est reprise avec des effets granuleux, un grillage semble avoir été appliqué sur certaines zones pour texturer les parois de cette église imaginaire par empreinte de quadrillage.
Ainsi, dans une palette presque monochrome, Venard arrive à créer une grande diversité de touches et de détails qui rendent cette façade de cathédrale presque tangible, réelle, le tout dans un style paradoxalement non-illusionniste.
Ainsi, le travail de Claude Venard s’est porté sur le trait tout autant que sur la couleur et les effets de matière : un peintre complet, à venir découvrir ou redécouvrir dans le parcours d’exposition de la Galerie Hurtebize à Cannes !
Marie Cambas
Dernière arrivée dans l’équipe, Marie est diplômée de l’Ecole du Louvre et de la Sorbonne en histoire et en histoire de l’art. Spécialisée en peinture ancienne, elle se tourne ensuite vers l’art Moderne et intègre la galerie en 2018.
La Galerie se met à l’heure du numérique
La Galerie Hurtebize est présente sur les réseaux sociaux, – Facebook, Instagram, Pinterest, Linkedin – mais aussi sur des médias digitaux spécialisés où elle dispose d’une galerie virtuelle, comme Artnet, Artprice, et tout récemment, la plateforme internationale de vente en ligne Artsy.
L’importance croissante du monde du web pousse le milieu artistique à se renouveler depuis environ quinze ans. Les grandes maisons de vente, mais aussi les foires et les marchands ont dû se convertir à ce mode de communication innovant qui transgresse les frontières physiques.
Dans son projet digital, la Galerie Hurtebize développe plusieurs axes.
La Galerie et son double digital
Il y a tout d’abord le rôle de « vitrine », qui a pour but de donner à voir l’espace réel, à Cannes, et l’identité de l’entreprise, à travers une sélection d’œuvres mises en valeur afin d’indiquer les spécialités et le domaine d’expertise de Dominique Hurtebize et son équipe. L’art abstrait d’après-guerre, d’Hans Hartung à Georges Mathieu en passant par André Marfaing ou Jean Miotte y est bien représenté. Mais sur Instagram ou Pinterest, plateformes dédiées aux photographies, vous trouverez également des images des toiles de Bernard Buffet, Claude Venard, Joan Mirò ou de contemporains tels que Robert Combas ; autant de créations où la figuration règne en maîtresse.
Le double digital de la Galerie propose aussi un résumé de son histoire et sa généalogie. Sur son site internet, en plus d’un historique et d’une description des membres qui la composent, vous trouverez un récapitulatif des foires à laquelle elle a participé. Ces éléments se retrouvent de manière ponctuelle sur Facebook ou Linkedin, ainsi que dans les newsletters réalisées en fonction des événements.
Dans une démarche complémentaire, la Galerie a choisi de s’orienter vers les magazines d’art, qui ont eux aussi adapté leurs modules à la virtualité. Dans les journaux tels que Beaux-Arts Magazine, vous pouvez retrouver des articles qui mettent en avant les œuvres phares de la Galerie, ou les artistes qu’elle défend, comme le contemporain Jean-Jacques Marie, adepte d’une peinture où s’allient spontanéité du geste et colorisme intense.
Les articles du site internet ainsi que les newsletters proposent aussi une interprétation des actualités culturelles et des gros plans sur l’Art Moderne. Ainsi, la Galerie s’adresse à des lecteurs curieux, amateurs ou novices afin de les sensibiliser aux problématiques du monde de l’Art, ainsi qu’aux personnalités dont elle s’attache à représenter le travail.
La vente en ligne et les nouvelles plateformes
Outre cette identité digitale, la Galerie Hurtebize propose aussi ses œuvres à la vente sur internet.
Depuis plusieurs années, elle est présente sur Artnet et sur Artprice, deux plateformes internationales dédiées à la vente en ligne grâce à une « marketplace » où les professionnels insèrent leurs annonces, mais où les abonnés peuvent aussi consulter les résultats de vente aux enchères. Les deux sites se sont d’abord faits connaître pour cette fonctionnalité de recensement, qui permet de rendre compte en temps réel de la cote des artistes. Ce n’est qu’un peu plus tard que leur page de vente en ligne a pris son essor, grâce à la qualité et à la rigueur de leur sélection de marchands d’art.
Dernièrement, c’est sur Artsy qu’ont été listées les œuvres à vendre. Cette plateforme intuitive a été créée en 2010 par le fils d’un historien d’art durant ses études à Princeton University. Les acheteurs et les vendeurs sont agréés par le site, qui se conçoit donc comme une place ultra-sécurisée du marché de l’art mettant en relation acquéreurs et professionnels du secteur. Les plus grandes galeries américaines et européennes participent à l’élan porté par Artsy, et font de cette nouvelle place de vente en ligne l’une des plus intéressantes et actives.
Si les réseaux sociaux permettent une mise en avant de l’identité artistique de la Galerie, ainsi qu’une interaction avec les autres acteurs du marché – galeries, foires, acquéreurs, qui y ont aussi un profil-, les journaux et le site internet de la Galerie favorisent le développement de son image d’expertise scientifique. Le troisième aspect développé sur la toile est celui de la vente à travers trois plateformes reconnues pour leur sérieux et leur rayonnement international.
C’est dans ces directions que la Galerie Hurtebize projette de poursuivre le développement de sa stratégie numérique.
Marie Cambas
Dernière arrivée dans l’équipe, Marie est diplômée de l’Ecole du Louvre et de la Sorbonne en histoire et en histoire de l’art. Spécialisée en peinture ancienne, elle se tourne ensuite vers l’art Moderne et intègre la galerie en 2018.
Art Elysées aura bien lieu !
Suite à l’annonce de l’annulation de la FIAC 2020 dans le contexte international de pandémie, on pouvait s’attendre à ce qu’Art Elysées, manifestation se situant juste au pied du Grand Palais, tire également sa révérence. Mais c’était sans compter sur la détermination des organisatrices, qui ont décidé de maintenir l’édition annuelle de la foire.
Celle-ci aura donc bien lieu du 22 au 26 octobre à Paris, sous ses fameux chapiteaux situés sur les Champs-Elysées.
La Galerie Hurtebize est fière d’annoncer sa participation à ce rendez-vous désormais incontournable de l’Art Moderne et contemporain !
Venez nous retrouver sur notre stand, pavillon B, pour découvrir nos plus belles œuvres modernes ainsi qu’une sélection de pièces contemporaines originales, dont certaines sont à retrouver dans notre Gros Plan en fin d’article.
Alors que très peu de foires se sont tenues en France et à l’étranger, le maintien de l’organisation est un pari audacieux qui devrait séduire tous les amateurs d’art français et européens.
Les gestionnaires du salon Art Elysées n’en sont plus à leur coup d’essai : pour la quatorzième édition de l’événement, et dans un contexte inédit, ils mettront en œuvre toutes les conditions restrictives nécessaires à sa bonne tenue, en lien avec la préfecture : gestes barrière, quota de visiteurs… Mesures sanitaires et sécurité de tous seront assurées afin de garantir un déroulement optimal de la foire parisienne, dans une ambiance toujours chaleureuse.
La foire se divise en plusieurs pavillons ; deux concernent l’Art Moderne et Contemporain (Pavillons A et B), tandis que le Pavillon C sera dédié au Design, et que le Pavillon E recevra les galeries spécialisées en Art Contemporain Urbain. Une belle diversité pour une manifestation toujours aussi dynamique et mettant à l’honneur tous les arts.
Gros Plan : un stand aux trois rubriques
Pour cette édition 2020, la Galerie Hurtebize a souhaité mettre en scène ses plus belles pièces en trois sections : les œuvres sur papier, les plus belles toiles, ainsi qu’un choix d’œuvres à prix accessible à toutes les bourses.
Les Papiers
Venez découvrir une sélection d’œuvres sur papiers : De Bernard Buffet ou Joan Mirò en passant par Daniel Buren, le choix fait preuve d’une grande diversité d’œuvres, figuratives ou non, modernes et contemporaines.
Ci-dessous deux œuvres présentées :
Maurice ESTÈVE (1904–2001, Français) Composition Abstraite, 1989
Les œuvres clés
Les plus belles toiles présentées par la Galerie, comme Fantômes Vermeils de Georges Mathieu ou l’œuvre T1977-R39 d’Hans Hartung sont à retrouver sur les cimaises de la partie centrale du stand. Maurice Estève, Jean Miotte ou Claude Venard figurent parmi les artistes phares choisis.
Découvrez une toile de la section :
Georges MATHIEU (1921-2012, Français), Fantômes Vermeils, 1990
Les coups de cœur à petit prix
Pour cette dernière section, la Galerie Hurtebize a souhaité mettre à l’honneur ses coups de cœur d’œuvres modernes et contemporaines : venez découvrir la sculpture brute et élégante de Catherine Thiry, les natures mortes intemporelles et les femmes alanguies de Michel Mousseau, ou encore les œuvres énergiques et colorées de Jean-Jacques Marie, dont le travail de projection est à retrouver en exclusivité nationale à la Galerie tout au long de l’année.
Aperçu :
Michel MOUSSEAU (Né en 1934, Français), Nu couché au lit orange, circa 1960
QU Qianmei (Née en 1956, Chinoise), 2019 B-20, 2019
Marie Cambas
Dernière arrivée dans l’équipe, Marie est diplômée de l’Ecole du Louvre et de la Sorbonne en histoire et en histoire de l’art. Spécialisée en peinture ancienne, elle se tourne ensuite vers l’art Moderne et intègre la galerie en 2018.
Sam Francis, une voix philosophique dans le panorama de l’Abstraction Américaine
La peinture, pour Sam Francis, a tout d’une thérapie, d’un chant intérieur cathartique.
Ce grand artiste a en effet commencé son œuvre sur un lit d’hôpital, alors qu’il était encore tout jeune. Retour sur l’œuvre d’un des plus grands représentants de l’abstraction américaine.
Une vocation d'artiste née de la tragédie
Sam Francis se destinait à une carrière de botaniste ou de médecin, avant de se tourner vers l’étude de la psychologie. Toute sa vie, il sera attiré par les mouvements de la pensée, et son œuvre se ressentira de cette quête intime infinie.
A l’âge de vingt ans, il choisit d’intégrer l’US Air Force afin de prendre part à la Seconde Guerre Mondiale, mais à l’entraînement, son avion s’écrase, et le jeune homme est sévèrement atteint à la colonne vertébrale.
Pour ne pas devenir fou, il se met à peindre. Alité durant trois longues années, Sam Francis développe un art abstrait, sur son lit de malade, en s’intéressant notamment aux formes abstraites des nuages dans le ciel, et à la force des couleurs dont est composé son proche environnement. Nourri des modèles des grands maîtres, tels Picasso ou Mirò, grâce à David Park de la School of Fine Art de Californie qui lui apporte des toiles, le jeune Sam Francis développe son imaginaire, loin des contraintes de l’académisme. Après son séjour à l’hôpital, c’est chez Clyfford Still qu’il se forme, dès 1946. C’est durant cette période décisive qu’il affirme définitivement sa préférence pour l’abstraction. Puis il s’installe en France, où il passera près de onze ans, entre Paris et le Sud, dans des milieux proches des peintres de l’Abstraction Lyrique.
Sans Titre, Sam FRANCIS, 1977
Une vision philosophique de la peinture
Sa peinture est un travail de l’instantané, du geste spontané. Francis explique : « Quand je manipule la couleur, quelque chose commence à arriver et j’ai des idées. Quelquefois, ces idées sont très fugitives. Elles viennent de manière graphique. Quelquefois, la seule manière de les saisir, c’est avec un pinceau et de la couleur. J’utilise une comparaison : c’est comme plonger dans une eau très profonde et qui serait très, très froide et vous n’avez peut-être que cinquante secondes pour aller au fond et ressortir… Ainsi, il y a un moment où, pour attraper l’idée, vous devez travailler vite, sans penser. » Il faut agir vite pour saisir l’essence de la pensée, qui, fulgurante, anime l’âme du peintre.
Son inspiration lui vient de la nature, lui le botaniste dont l’œil sera toujours attiré par les beautés du monde : « Les couleurs sont des forces… ce sont des forces réelles dans la nature et dans la psyché ». Le peintre met en parallèle les tonalités présentes dans l’environnement et les couleurs mentales, celles des émotions. Tout comme Paul Jenkins, autre grand peintre américain de Paris, Francis développe une réflexion philosophique sur les liens entre couleur et vie intérieure. « Un accroissement de la lumière provoque un accroissement de l’obscurité », ajoute-t-il, dans un moment de profonde méditation. Sa peinture entre fond blanc éclatant et couleurs projetées qui encerclent les plages vierges pose la question du contraste. La vie, la mort, les pleins, les vides, les espaces, les superpositions… Les taches de Sam Francis sur le papier évoquent le cosmos et le microcosme dans un rythme inégal et savamment composé qui colle au Vivant.
Dans une interview filmée, l’artiste explique sa conception du contraste entre ombre et lumière :
“Light and dark are constellations of each other. {…} Light is the evidence of the movement of Eternity.” (1)
Ainsi, dans une gestuelle saccadée et rapide, qui a pour but de saisir une émotion au moment où elle se présente, le peintre entend restituer une bribe d’Infini, d’intemporalité.
Le spectateur comme créateur de l'oeuvre
Sam Francis attrape cet instant essentiel, et l’offre au spectateur. En effet, pour lui, l’œuvre est un support, sur lequel le public peut baser sa propre réflexion : « Les peintures sont seulement des suggestions pour que les gens s’en servent… La plus belle définition de l’art que je connaisse est celle de Shakespeare dans l’épilogue de Prospero, à la fin de « La Tempête » … Il a à voir avec la signification de ce que l’œuvre d’art est vraiment, il dit comment l’artiste doit l’abandonner, abandonner son art, abandonner sa magie, abandonner tout et laisser le public ou la personne qui arrive par hasard, celle qui se trouve passer par là, achever l’œuvre à sa place. »
L’art est donc une communion, une collaboration entre l’artiste, l’œuvre elle-même et l’œil qui la reçoit. C’est une expression personnelle qui traduit une sensation universelle, captée, complétée et modifiée par la vision du spectateur.
Sam Francis propose donc une œuvre où l’abstraction confine à l’Existant et à la Nature, dans un dialogue constamment recréé avec le public.
La Galerie Hurtebize à Cannes propose une œuvre de 1977 où l’artiste déploie toute la quintessence de son travail : sur un papier blanc, les taches de couleurs à dominante sombre verte et violette se superposent en traînées plus ou moins opaques, dans un contraste magistral qui quadrille la composition, constellée de projections jaunes et oranges qui l’illuminent, comme les étoiles éclairent la nuit.
Marie Cambas
Dernière arrivée dans l’équipe, Marie est diplômée de l’Ecole du Louvre et de la Sorbonne en histoire et en histoire de l’art. Spécialisée en peinture ancienne, elle se tourne ensuite vers l’art Moderne et intègre la galerie en 2018.
[1] La lumière et l’ombre sont des constellations l’une de l’autre. La lumière est la preuve du mouvement de l’Éternité.
John Levée : le plus français des américains de Paris
John Levée est un artiste au style marquant, qui proposa une abstraction lyrique très brute et personnelle avant de s’engager dans une évolution géométrique, pendant un temps, pour finalement revenir à la spontanéité première qui caractérise sa peinture.
Si son œuvre est aujourd’hui surtout connu des amateurs, l’artiste américain a pourtant marqué la scène internationale par son travail puissant et évocateur.
John LEVÉE, Nov III, 1955
Retour sur ce peintre discret mais décisif dans le panorama de l’art abstrait d’après-guerre.
John Levée est né en 1924 à Los Angeles. Il a commencé la peinture très jeune, partageant à ses débuts un atelier avec Jackson Pollock. Il est alors étudiant à l’Art Center School de New-York. Puis, grâce à une bourse militaire, il arrive à Paris en 1949 et étudie à l’Académie Julian. Il découvre le travail de l’Avant-Garde française, et notamment de l’École de Paris, qui déploie alors les différentes sensibilités qui vont caractériser l’art abstrait français, de Lanskoy à Hans Hartung en passant par Soulages, Schneider et Mathieu.
Dans le magazine Cimaise paru en juillet-août 1962, Georges Boudaille écrit : « Ce n’est pas seulement le plus français des artistes américains de Paris, c’est un peintre de synthèse par excellence.
Parce qu’il a pris le temps d’apprendre à fond son métier, parce qu’aucun parti pris ne l’a empêché d’étudier l’histoire de l’art, parce que son intelligence lui a permis de tirer la leçon de l’œuvre des chefs de file de l’École de Paris, parce qu’il n’a jamais été impatient de s’imposer et de se faire connaître, la peinture de John Levée est aujourd’hui une des plus fortes et une des plus complètes de sa génération ».
Et pour cause ; l’œuvre de Levée s’offre à la vue, toute en superpositions de matières et en empâtements, en vivacité de touches et dans des compositions aux formes complexes. Le peintre y expose une conception de la Nature très personnelle, éminemment gestuelle et enlevée, et que nous ne retrouvons chez aucun autre peintre français de la période.
Au carrefour des influences de Clavé, Soulages et même Braque et Picasso, comme le souligne la critique Lydia Harambourg dans son Dictionnaire de l’École de Paris[1], Levée est, comme le dit Boudaille, un peintre de la synthèse, qui use de ces influences afin d’exploiter une nouvelle voie de l’abstraction, encore inédite, où il exprime toute sa singularité.
Mais John Levée n’est pas seulement un peintre érudit, conscient de tous les courants abstraits qui se déploient dans le monde. C’est aussi un grand technicien, dont la rigueur « stimule la spontanéité créatrice {…} qui parvient à une subtile synthèse entre matière – il travaille ses empâtements au couteau et les glacis et les transparences au pinceau- dessin, rythme des formes, couleur et lumière dans une composition ayant ses résonnances personnelles. »[2]
Les toiles April 1st et Nov III, proposées par la Galerie Hurtebize à Cannes, montrent bien ce travail extrêmement recherché de John Levée. La composition d’April 1st exhibe un vide central autour duquel s’articulent des coulées de peinture savamment travaillées par l’artiste, tandis que Nov III valorise la matérialité de la peinture, dans des teintes brunes terreuses qui célèbrent la Nature.
John Levée expose seul dès 1951 à la Galerie 8. La même année il débute au Salon d’automne. En 1958 c’est à la Galerie de France qu’une exposition lui est consacrée, puis en 1960 et 1962. Il exposera deux fois à la Closerie des Lilas dans les années 1980’s, mais c’est surtout aux Etats-Unis et à Londres, chez Gimpel fils, et chez André Emmerich à New-York, qu’il expose le plus régulièrement. Repéré parmi les « Peintres Américains en France » chez Carven en 1956, et dans quelques autres expositions collectives (Galerie de France, Musée des Arts Décoratifs), c’est surtout dans le monde anglo-saxon que John Levée évolue. Ses œuvres sont donc aujourd’hui présentes dans les grands musées américains, comme le Guggenheim Museum, ou le MoMa, preuve que cet artiste discret a marqué la scène internationale de ses œuvres à la fois brutes et spirituelles.
Ainsi, de l’alliance du mouvement et de la couleur naît une œuvre singulière et intense, à retrouver sur les cimaises de la Galerie Hurtebize à Cannes.
Marie Cambas
Dernière arrivée dans l’équipe, Marie est diplômée de l’Ecole du Louvre et de la Sorbonne en histoire et en histoire de l’art. Spécialisée en peinture ancienne, elle se tourne ensuite vers l’art Moderne et intègre la galerie en 2018.
[1] Lydia HARAMBOURG, L’École de Paris, 1945-1965, Dictionnaire des peintres, Ed. Ides et Calendes, Neuchâtel, 2010, p.307 : « Malgré certaines influences passagères comme la virtuosité graphique de Picasso, les riches empâtements de Braque, la rigueur de Soulages, les séductions de Clavé, la parfaite maîtrise de son métier lui permet de poursuivre avec lucidité la voie qui lui paraît être la plus adaptée à son expression. »
[2] Ibidem, p.307.
Jean-Jacques Marie et l’expressivité de l’abstrait
Jean-Jacques Marie est un artiste contemporain aux inspirations multiples et originales.
Autodidacte, il est attiré par le dessin et la couleur dès son plus jeune âge.
Mais ce n’est qu’après une longue période où l’artiste met de côté son talent au profit d’une vie plus conventionnelle qu’il se lance à plein temps dans la création.
D’abord peintre figuratif, il rencontre la calligraphie orientale, qui va bouleverser sa vie et son travail : dès lors, Marie tombe dans l’art abstrait, gestuel, et révèle l’expression puissante de sa spontanéité.
La Galerie Hurtebize propose en exclusivité nationale le travail de ce virtuose du pinceau, dont les sources d’inspiration traversent les cultures. L’Asie, l’abstraction américaine, le lyrisme français, telles sont les clés de voûte de son imaginaire, qui se déploie dans un déchaînement coloré sur la toile.
Retour sur la technique de cet artiste singulier.
Jean-Jacques Marie opère en deux étapes. Il prépare méticuleusement le fond de ses compositions : des aplats de couleurs et des dégradés créent une atmosphère poétique, tantôt sombre tantôt pâle, qui imprègne le tableau. Parfois, ce sont de larges coups de brosse noirs sur fond clair qui viennent animer le second plan, à la manière des calligraphes chinois.
C’est après cette phase que Marie, debout, les pinceaux à la main, joue avec les projections de couleurs pures, afin d’organiser dans un rythme saccadé la composition de son œuvre.
Le tableau qui prend vie dans le geste instinctif de l’artiste est le témoignage de ses sensations, la traduction physique de ses émois intérieurs.
Marie se confie sur son état de transe créatrice : « Il peut y avoir cet effet d’osmose, de confluence des émotions et subitement, je pars, je crie, je pleure. Je trace mon trait avec toute la puissance de mon corps. Il n‘y a plus de pinceau, il n’y a plus de main. Mon esprit ne fait plus qu’un avec le tableau »[1].
Selon les mouvements de son âme, la toile se trouve plus ou moins zébrée d’éclairs colorés, plus ou moins épais selon les détours et les insistances, dans une gestuelle qui sait se faire furtive, vivace, ou à l’inverse plus ample.
Jean-Jacques Marie est un peintre compulsif qui ne peut se passer de son mode d’expression. C’est dans son atelier près de Montpellier qu’il répète sans relâche ses mouvements créateurs, jour après jour, toile après toile. Cette quête insatiable le pousse à renouveler son langage pictural, dans les formes mais aussi les tonalités.
Car au-delà du geste inné, l’artiste est aussi un coloriste, qui a appris dans ses lectures des traités de Chevreul et d’autres théoriciens la puissance visuelle de la juxtaposition des couleurs. Son travail entre ombre et lumière, couleurs chaudes et éclairs glaciaux, met en jeu toutes les gammes du spectre lumineux.
Ainsi, de l’alliance du mouvement et de la couleur naît une œuvre singulière et intense, à retrouver sur les cimaises de la Galerie Hurtebize à Cannes.
Marie Cambas
Dernière arrivée dans l’équipe, Marie est diplômée de l’Ecole du Louvre et de la Sorbonne en histoire et en histoire de l’art. Spécialisée en peinture ancienne, elle se tourne ensuite vers l’art Moderne et intègre la galerie en 2018.
[1] Jean-Jacques Marie, in Diane de Carné, Jean-Jacques Marie, Les Fruits de la Métamorphose, éditions Charlène, 2018.