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La Galerie se met à l’heure du numérique

La Galerie Hurtebize est présente sur les réseaux sociaux, – Facebook, Instagram, Pinterest, Linkedin – mais aussi sur des médias digitaux spécialisés où elle dispose d’une galerie virtuelle, comme Artnet, Artprice, et tout récemment, la plateforme internationale de vente en ligne Artsy.

L’importance croissante du monde du web pousse le milieu artistique à se renouveler depuis environ quinze ans. Les grandes maisons de vente, mais aussi les foires et les marchands ont dû se convertir à ce mode de communication innovant qui transgresse les frontières physiques.

Dans son projet digital, la Galerie Hurtebize développe plusieurs axes.

La Galerie et son double digital

Il y a tout d’abord le rôle de « vitrine », qui a pour but de donner à voir l’espace réel, à Cannes, et l’identité de l’entreprise, à travers une sélection d’œuvres mises en valeur afin d’indiquer les spécialités et le domaine d’expertise de Dominique Hurtebize et son équipe. L’art abstrait d’après-guerre, d’Hans Hartung à Georges Mathieu en passant par André Marfaing ou Jean Miotte y est bien représenté. Mais sur Instagram ou Pinterest, plateformes dédiées aux photographies, vous trouverez également des images des toiles de Bernard Buffet, Claude Venard, Joan Mirò ou de contemporains tels que Robert Combas ; autant de créations où la figuration règne en maîtresse.

Le double digital de la Galerie propose aussi un résumé de son histoire et sa généalogie. Sur son site internet, en plus d’un historique et d’une description des membres qui la composent, vous trouverez un récapitulatif des foires à laquelle elle a participé. Ces éléments se retrouvent de manière ponctuelle sur Facebook ou Linkedin, ainsi que dans les newsletters réalisées en fonction des événements.

Dans une démarche complémentaire, la Galerie a choisi de s’orienter vers les magazines d’art, qui ont eux aussi adapté leurs modules à la virtualité. Dans les journaux tels que Beaux-Arts Magazine, vous pouvez retrouver des articles qui mettent en avant les œuvres phares de la Galerie, ou les artistes qu’elle défend, comme le contemporain Jean-Jacques Marie, adepte d’une peinture où s’allient spontanéité du geste et colorisme intense.

Les articles du site internet ainsi que les newsletters proposent aussi une interprétation des actualités culturelles et des gros plans sur l’Art Moderne. Ainsi, la Galerie s’adresse à des lecteurs curieux, amateurs ou novices afin de les sensibiliser aux problématiques du monde de l’Art, ainsi qu’aux personnalités dont elle s’attache à représenter le travail.

La vente en ligne et les nouvelles plateformes

Outre cette identité digitale, la Galerie Hurtebize propose aussi ses œuvres à la vente sur internet.

Depuis plusieurs années, elle est présente sur Artnet et sur Artprice, deux plateformes internationales dédiées à la vente en ligne grâce à une « marketplace » où les professionnels insèrent leurs annonces, mais où les abonnés peuvent aussi consulter les résultats de vente aux enchères. Les deux sites se sont d’abord faits connaître pour cette fonctionnalité de recensement, qui permet de rendre compte en temps réel de la cote des artistes.  Ce n’est qu’un peu plus tard que leur page de vente en ligne a pris son essor, grâce à la qualité et à la rigueur de leur sélection de marchands d’art.

Dernièrement, c’est sur Artsy qu’ont été listées les œuvres à vendre. Cette plateforme intuitive a été créée en 2010 par le fils d’un historien d’art durant ses études à Princeton University. Les acheteurs et les vendeurs sont agréés par le site, qui se conçoit donc comme une place ultra-sécurisée du marché de l’art mettant en relation acquéreurs et professionnels du secteur. Les plus grandes galeries américaines et européennes participent à l’élan porté par Artsy, et font de cette nouvelle place de vente en ligne l’une des plus intéressantes et actives.

Si les réseaux sociaux permettent une mise en avant de l’identité artistique de la Galerie, ainsi qu’une interaction avec les autres acteurs du marché – galeries, foires, acquéreurs, qui y ont aussi un profil-, les journaux et le site internet de la Galerie favorisent le développement de son image d’expertise scientifique. Le troisième aspect développé sur la toile est celui de la vente à travers trois plateformes reconnues pour leur sérieux et leur rayonnement international.

C’est dans ces directions que la Galerie Hurtebize projette de poursuivre le développement de sa stratégie numérique.


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Marie Cambas

Dernière arrivée dans l’équipe, Marie est diplômée de l’Ecole du Louvre et de la Sorbonne en histoire et en histoire de l’art. Spécialisée en peinture ancienne, elle se tourne ensuite vers l’art Moderne et intègre la galerie en 2018.


logo blanc du salon art elysées edition 2020

Art Elysées aura bien lieu !

Suite à l’annonce de l’annulation de la FIAC 2020 dans le contexte international de pandémie, on pouvait s’attendre à ce qu’Art Elysées, manifestation se situant juste au pied du Grand Palais, tire également sa révérence. Mais c’était sans compter sur la détermination des organisatrices, qui ont décidé de maintenir l’édition annuelle de la foire.

Celle-ci aura donc bien lieu du 22 au 26 octobre à Paris, sous ses fameux chapiteaux situés sur les Champs-Elysées.

La Galerie Hurtebize est fière d’annoncer sa participation à ce rendez-vous désormais incontournable de l’Art Moderne et contemporain !

Venez nous retrouver sur notre stand, pavillon B, pour découvrir nos plus belles œuvres modernes ainsi qu’une sélection de pièces contemporaines originales, dont certaines sont à retrouver dans notre Gros Plan en fin d’article.

Alors que très peu de foires se sont tenues en France et à l’étranger, le maintien de l’organisation est un pari audacieux qui devrait séduire tous les amateurs d’art français et européens.

Les gestionnaires du salon Art Elysées n’en sont plus à leur coup d’essai : pour la quatorzième édition de l’événement, et dans un contexte inédit, ils mettront en œuvre toutes les conditions restrictives nécessaires à sa bonne tenue, en lien avec la préfecture : gestes barrière, quota de visiteurs… Mesures sanitaires et sécurité de tous seront assurées afin de garantir un déroulement optimal de la foire parisienne, dans une ambiance toujours chaleureuse.

La foire se divise en plusieurs pavillons ; deux concernent l’Art Moderne et Contemporain (Pavillons A et B), tandis que le Pavillon C sera dédié au Design, et que le Pavillon E recevra les galeries spécialisées en Art Contemporain Urbain. Une belle diversité pour une manifestation toujours aussi dynamique et mettant à l’honneur tous les arts.

Gros Plan : un stand aux trois rubriques

Pour cette édition 2020, la Galerie Hurtebize a souhaité mettre en scène ses plus belles pièces en trois sections : les œuvres sur papier, les plus belles toiles, ainsi qu’un choix d’œuvres à prix accessible à toutes les bourses.

Les Papiers

Venez découvrir une sélection d’œuvres sur papiers : De Bernard Buffet ou Joan Mirò en passant par Daniel Buren, le choix fait preuve d’une grande diversité d’œuvres, figuratives ou non, modernes et contemporaines.

Ci-dessous deux œuvres présentées :

Aquarelle sur papier de Maurice Estève dans un cadre avec verre musée

Maurice ESTÈVE (1904–2001, Français) Composition Abstraite, 1989

Les œuvres clés

Les plus belles toiles présentées par la Galerie, comme Fantômes Vermeils de Georges Mathieu ou l’œuvre T1977-R39 d’Hans Hartung sont à retrouver sur les cimaises de la partie centrale du stand. Maurice Estève, Jean Miotte ou Claude Venard figurent parmi les artistes phares choisis.

Découvrez une toile de la section :

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Georges MATHIEU (1921-2012, Français)Fantômes Vermeils, 1990

Les coups de cœur à petit prix

Pour cette dernière section, la Galerie Hurtebize a souhaité mettre à l’honneur ses coups de cœur d’œuvres modernes et contemporaines : venez découvrir la sculpture brute et élégante de Catherine Thiry, les natures mortes intemporelles et les femmes alanguies de Michel Mousseau, ou encore les œuvres énergiques et colorées de Jean-Jacques Marie, dont le travail de projection est à retrouver en exclusivité nationale à la Galerie tout au long de l’année.

Aperçu :

Michel MOUSSEAU (Né en 1934, Français), Nu couché au lit orange, circa 1960

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QU Qianmei (Née en 1956, Chinoise), 2019 B-20, 2019


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Marie Cambas

Dernière arrivée dans l’équipe, Marie est diplômée de l’Ecole du Louvre et de la Sorbonne en histoire et en histoire de l’art. Spécialisée en peinture ancienne, elle se tourne ensuite vers l’art Moderne et intègre la galerie en 2018.


oeuvre abstraite sur papier de Sam Francis

Sam Francis, une voix philosophique dans le panorama de l’Abstraction Américaine

La peinture, pour Sam Francis, a tout d’une thérapie, d’un chant intérieur cathartique.

Ce grand artiste a en effet commencé son œuvre sur un lit d’hôpital, alors qu’il était encore tout jeune. Retour sur l’œuvre d’un des plus grands représentants de l’abstraction américaine.

Une vocation d'artiste née de la tragédie

Sam Francis se destinait à une carrière de botaniste ou de médecin, avant de se tourner vers l’étude de la psychologie. Toute sa vie, il sera attiré par les mouvements de la pensée, et son œuvre se ressentira de cette quête intime infinie.

A l’âge de vingt ans, il choisit d’intégrer l’US Air Force afin de prendre part à la Seconde Guerre Mondiale, mais à l’entraînement, son avion s’écrase, et le jeune homme est sévèrement atteint à la colonne vertébrale.

Pour ne pas devenir fou, il se met à peindre. Alité durant trois longues années, Sam Francis développe un art abstrait, sur son lit de malade, en s’intéressant notamment aux formes abstraites des nuages dans le ciel, et à la force des couleurs dont est composé son proche environnement. Nourri des modèles des grands maîtres, tels Picasso ou Mirò, grâce à David Park de la School of Fine Art de Californie qui lui apporte des toiles, le jeune Sam Francis développe son imaginaire, loin des contraintes de l’académisme. Après son séjour à l’hôpital, c’est chez Clyfford Still qu’il se forme, dès 1946. C’est durant cette période décisive qu’il affirme définitivement sa préférence pour l’abstraction. Puis il s’installe en France, où il passera près de onze ans, entre Paris et le Sud, dans des milieux proches des peintres de l’Abstraction Lyrique.

oeuvre abstraite sur papier de Sam Francis

Sans Titre, Sam FRANCIS, 1977

Une vision philosophique de la peinture

Sa peinture est un travail de l’instantané, du geste spontané. Francis explique : « Quand je manipule la couleur, quelque chose commence à arriver et j’ai des idées. Quelquefois, ces idées sont très fugitives. Elles viennent de manière graphique. Quelquefois, la seule manière de les saisir, c’est avec un pinceau et de la couleur. J’utilise une comparaison : c’est comme plonger dans une eau très profonde et qui serait très, très froide et vous n’avez peut-être que cinquante secondes pour aller au fond et ressortir… Ainsi, il y a un moment où, pour attraper l’idée, vous devez travailler vite, sans penser. » Il faut agir vite pour saisir l’essence de la pensée, qui, fulgurante, anime l’âme du peintre.

Son inspiration lui vient de la nature, lui le botaniste dont l’œil sera toujours attiré par les beautés du monde : « Les couleurs sont des forces… ce sont des forces réelles dans la nature et dans la psyché ». Le peintre met en parallèle les tonalités présentes dans l’environnement et les couleurs mentales, celles des émotions. Tout comme Paul Jenkins, autre grand peintre américain de Paris, Francis développe une réflexion philosophique sur les liens entre couleur et vie intérieure. « Un accroissement de la lumière provoque un accroissement de l’obscurité », ajoute-t-il, dans un moment de profonde méditation. Sa peinture entre fond blanc éclatant et couleurs projetées qui encerclent les plages vierges pose la question du contraste. La vie, la mort, les pleins, les vides, les espaces, les superpositions… Les taches de Sam Francis sur le papier évoquent le cosmos et le microcosme dans un rythme inégal et savamment composé qui colle au Vivant.

Dans une interview filmée, l’artiste explique sa conception du contraste entre ombre et lumière :

Light and dark are constellations of each other. {…} Light is the evidence of the movement of Eternity.” (1)

Ainsi, dans une gestuelle saccadée et rapide, qui a pour but de saisir une émotion au moment où elle se présente, le peintre entend restituer une bribe d’Infini, d’intemporalité.

Le spectateur comme créateur de l'oeuvre

Sam Francis attrape cet instant essentiel, et l’offre au spectateur. En effet, pour lui, l’œuvre est un support, sur lequel le public peut baser sa propre réflexion : « Les peintures sont seulement des suggestions pour que les gens s’en servent… La plus belle définition de l’art que je connaisse est celle de Shakespeare dans l’épilogue de Prospero, à la fin de « La Tempête » … Il a à voir avec la signification de ce que l’œuvre d’art est vraiment, il dit comment l’artiste doit l’abandonner, abandonner son art, abandonner sa magie, abandonner tout et laisser le public ou la personne qui arrive par hasard, celle qui se trouve passer par là, achever l’œuvre à sa place. »

L’art est donc une communion, une collaboration entre l’artiste, l’œuvre elle-même et l’œil qui la reçoit. C’est une expression personnelle qui traduit une sensation universelle, captée, complétée et modifiée par la vision du spectateur.

Sam Francis propose donc une œuvre où l’abstraction confine à l’Existant et à la Nature, dans un dialogue constamment recréé avec le public.

La Galerie Hurtebize à Cannes propose une œuvre de 1977 où l’artiste déploie toute la quintessence de son travail : sur un papier blanc, les taches de couleurs à dominante sombre verte et violette se superposent en traînées plus ou moins opaques, dans un contraste magistral qui quadrille la composition, constellée de projections jaunes et oranges qui l’illuminent, comme les étoiles éclairent la nuit.


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Marie Cambas

Dernière arrivée dans l’équipe, Marie est diplômée de l’Ecole du Louvre et de la Sorbonne en histoire et en histoire de l’art. Spécialisée en peinture ancienne, elle se tourne ensuite vers l’art Moderne et intègre la galerie en 2018.


[1] La lumière et l’ombre sont des constellations l’une de l’autre. La lumière est la preuve du mouvement de l’Éternité.


huile sur toile couleur marron, noir, blanc et pointe de bleue de John levée

John Levée : le plus français des américains de Paris

John Levée est un artiste au style marquant, qui proposa une abstraction lyrique très brute et personnelle avant de s’engager dans une évolution géométrique, pendant un temps, pour finalement revenir à la spontanéité première qui caractérise sa peinture.

Si son œuvre est aujourd’hui surtout connu des amateurs, l’artiste américain a pourtant marqué la scène internationale par son travail puissant et évocateur.

huile sur toile couleur marron, noir, blanc et pointe de bleue de John levée

John LEVÉE, Nov III, 1955

Retour sur ce peintre discret mais décisif dans le panorama de l’art abstrait d’après-guerre.

John Levée est né en 1924 à Los Angeles. Il a commencé la peinture très jeune, partageant à ses débuts un atelier avec Jackson Pollock. Il est alors étudiant à l’Art Center School de New-York. Puis, grâce à une bourse militaire, il arrive à Paris en 1949 et étudie à l’Académie Julian. Il découvre le travail de l’Avant-Garde française, et notamment de l’École de Paris, qui déploie alors les différentes sensibilités qui vont caractériser l’art abstrait français, de Lanskoy à Hans Hartung en passant par Soulages, Schneider et Mathieu.

Dans le magazine Cimaise paru en juillet-août 1962, Georges Boudaille écrit : « Ce n’est pas seulement le plus français des artistes américains de Paris, c’est un peintre de synthèse par excellence.

Parce qu’il a pris le temps d’apprendre à fond son métier, parce qu’aucun parti pris ne l’a empêché d’étudier l’histoire de l’art, parce que son intelligence lui a permis de tirer la leçon de l’œuvre des chefs de file de l’École de Paris, parce qu’il n’a jamais été impatient de s’imposer et de se faire connaître, la peinture de John Levée est aujourd’hui une des plus fortes et une des plus complètes de sa génération ».

Et pour cause ; l’œuvre de Levée s’offre à la vue, toute en superpositions de matières et en empâtements, en vivacité de touches et dans des compositions aux formes complexes. Le peintre y expose une conception de la Nature très personnelle, éminemment gestuelle et enlevée, et que nous ne retrouvons chez aucun autre peintre français de la période.

Au carrefour des influences de Clavé, Soulages et même Braque et Picasso, comme le souligne la critique Lydia Harambourg dans son Dictionnaire de l’École de Paris[1], Levée est, comme le dit Boudaille, un peintre de la synthèse, qui use de ces influences afin d’exploiter une nouvelle voie de l’abstraction, encore inédite, où il exprime toute sa singularité.

Mais John Levée n’est pas seulement un peintre érudit, conscient de tous les courants abstraits qui se déploient dans le monde. C’est aussi un grand technicien, dont la rigueur « stimule la spontanéité créatrice {…} qui parvient à une subtile synthèse entre matière – il travaille ses empâtements au couteau et les glacis et les transparences au pinceau- dessin, rythme des formes, couleur et lumière dans une composition ayant ses résonnances personnelles. »[2]

Les toiles April 1st et Nov III, proposées par la Galerie Hurtebize à Cannes, montrent bien ce travail extrêmement recherché de John Levée. La composition d’April 1st exhibe un vide central autour duquel s’articulent des coulées de peinture savamment travaillées par l’artiste, tandis que Nov III valorise la matérialité de la peinture, dans des teintes brunes terreuses qui célèbrent la Nature.

John Levée expose seul dès 1951 à la Galerie 8. La même année il débute au Salon d’automne. En 1958 c’est à la Galerie de France qu’une exposition lui est consacrée, puis en 1960 et 1962. Il exposera deux fois à la Closerie des Lilas dans les années 1980’s, mais c’est surtout aux Etats-Unis et à Londres, chez Gimpel fils, et chez André Emmerich à New-York, qu’il expose le plus régulièrement. Repéré parmi les « Peintres Américains en France » chez Carven en 1956, et dans quelques autres expositions collectives (Galerie de France, Musée des Arts Décoratifs), c’est surtout dans le monde anglo-saxon que John Levée évolue. Ses œuvres sont donc aujourd’hui présentes dans les grands musées américains, comme le Guggenheim Museum, ou le MoMa, preuve que cet artiste discret a marqué la scène internationale de ses œuvres à la fois brutes et spirituelles.

Ainsi, de l’alliance du mouvement et de la couleur naît une œuvre singulière et intense, à retrouver sur les cimaises de la Galerie Hurtebize à Cannes.


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Marie Cambas

Dernière arrivée dans l’équipe, Marie est diplômée de l’Ecole du Louvre et de la Sorbonne en histoire et en histoire de l’art. Spécialisée en peinture ancienne, elle se tourne ensuite vers l’art Moderne et intègre la galerie en 2018.


[1] Lydia HARAMBOURG, L’École de Paris, 1945-1965, Dictionnaire des peintres, Ed. Ides et Calendes, Neuchâtel, 2010, p.307 : « Malgré certaines influences passagères comme la virtuosité graphique de Picasso, les riches empâtements de Braque, la rigueur de Soulages, les séductions de Clavé, la parfaite maîtrise de son métier lui permet de poursuivre avec lucidité la voie qui lui paraît être la plus adaptée à son expression. »

[2] Ibidem, p.307.


huile sur toile avec peinture projetée orange, noire et beige de Jean-Jacques Marie

Jean-Jacques Marie et l’expressivité de l’abstrait

Jean-Jacques Marie est un artiste contemporain aux inspirations multiples et originales.

Autodidacte, il est attiré par le dessin et la couleur dès son plus jeune âge.

Mais ce n’est qu’après une longue période où l’artiste met de côté son talent au profit d’une vie plus conventionnelle qu’il se lance à plein temps dans la création.

D’abord peintre figuratif, il rencontre la calligraphie orientale, qui va bouleverser sa vie et son travail : dès lors, Marie tombe dans l’art abstrait, gestuel, et révèle l’expression puissante de sa spontanéité.

La Galerie Hurtebize propose en exclusivité nationale le travail de ce virtuose du pinceau, dont les sources d’inspiration traversent les cultures. L’Asie, l’abstraction américaine, le lyrisme français, telles sont les clés de voûte de son imaginaire, qui se déploie dans un déchaînement coloré sur la toile.

huile sur toile avec peinture projetée orange, noire et beige de Jean-Jacques Marie

Retour sur la technique de cet artiste singulier.

Jean-Jacques Marie opère en deux étapes. Il prépare méticuleusement le fond de ses compositions : des aplats de couleurs et des dégradés créent une atmosphère poétique, tantôt sombre tantôt pâle, qui imprègne le tableau. Parfois, ce sont de larges coups de brosse noirs sur fond clair qui viennent animer le second plan, à la manière des calligraphes chinois.

C’est après cette phase que Marie, debout, les pinceaux à la main, joue avec les projections de couleurs pures, afin d’organiser dans un rythme saccadé la composition de son œuvre.

Le tableau qui prend vie dans le geste instinctif de l’artiste est le témoignage de ses sensations, la traduction physique de ses émois intérieurs.

Marie se confie sur son état de transe créatrice : « Il peut y avoir cet effet d’osmose, de confluence des émotions et subitement, je pars, je crie, je pleure. Je trace mon trait avec toute la puissance de mon corps. Il n‘y a plus de pinceau, il n’y a plus de main. Mon esprit ne fait plus qu’un avec le tableau »[1].

huile sur toile avec peinture projetée bleue, noire et orange de Jean-Jacques Marie

Selon les mouvements de son âme, la toile se trouve plus ou moins zébrée d’éclairs colorés, plus ou moins épais selon les détours et les insistances, dans une gestuelle qui sait se faire furtive, vivace, ou à l’inverse plus ample.

Jean-Jacques Marie est un peintre compulsif qui ne peut se passer de son mode d’expression. C’est dans son atelier près de Montpellier qu’il répète sans relâche ses mouvements créateurs, jour après jour, toile après toile. Cette quête insatiable le pousse à renouveler son langage pictural, dans les formes mais aussi les tonalités.

Car au-delà du geste inné, l’artiste est aussi un coloriste, qui a appris dans ses lectures des traités de Chevreul et d’autres théoriciens la puissance visuelle de la juxtaposition des couleurs. Son travail entre ombre et lumière, couleurs chaudes et éclairs glaciaux, met en jeu toutes les gammes du spectre lumineux.

Ainsi, de l’alliance du mouvement et de la couleur naît une œuvre singulière et intense, à retrouver sur les cimaises de la Galerie Hurtebize à Cannes.


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Marie Cambas

Dernière arrivée dans l’équipe, Marie est diplômée de l’Ecole du Louvre et de la Sorbonne en histoire et en histoire de l’art. Spécialisée en peinture ancienne, elle se tourne ensuite vers l’art Moderne et intègre la galerie en 2018.


[1] Jean-Jacques Marie, in Diane de Carné, Jean-Jacques Marie, Les Fruits de la Métamorphose, éditions Charlène, 2018.


Gaouche sur papier de Serge Poliakoff dans son cadre noir et doré

Serge POLIAKOFF, la quête de la pureté

C’est à la fin des années 1930, et en 1937-38 précisément, que Serge Poliakoff, artiste d’origine russe ayant fui son pays pour accompagner sa tante Nastia – une cantatrice de renom- dans une tournée des cabarets européens, s’oriente définitivement vers l’art abstrait.

Après une formation parisienne à la Grande Chaumière, il expose en 1938 une toile intitulée « Le Niveau », qui fera dire à Vassily Kandinsky, autre grand peintre russe, et pionnier de l’art abstrait : « Pour l’avenir, je mise sur Poliakoff ».

Serge Poliakoff deviendra en effet, en quelques décennies, l’un des artistes incontournables du mouvement abstrait français, et continue d’attirer l’œil des amateurs et des collectionneurs.

Poliakoff, issu d’une famille nombreuse moscovite, est un artiste total, très doué en dessin, mais aussi dans le domaine musical. C’est donc avec sa tante qu’il quitte à treize ans son pays natal afin d’accompagner la voix de Nastia à la Balalaïka dans toutes les capitales européennes.

Jamais il ne lâchera ce goût pour la guitare, même si peu à peu, ayant décidé d’arrêter la tournée pour se fixer à Paris, c’est son autre passion, la peinture, qui prend le dessus. La Slide School de Londres, où il étudie deux ans, 1935-1937, décide de son sort : Oui, Serge Poliakoff sera un peintre non académique, un peintre de la forme et de la couleur.

Revenu à Paris, il s’engage dans la voie de l’art abstrait, et expose rapidement avec Hartung, Schneider, Deyrolle, et toutes les figures marquantes de l’avant-garde abstraite française. Il est rapidement pris en main par la galerie Denise René qui concentre alors tout ce que Paris comporte de jeunes artistes orientés vers la nouvelle peinture. Il fréquente Sonia et Robert Delaunay, chez qui il se rend une fois par semaine, pour débattre de théories artistiques. Leur sens du colorisme et de l’imbrication des formes sera pour le jeune Serge une source inépuisable d’inspiration.

La matière et la touche pour faire vibrer les couleurs géométriques

En 1945, Poliakoff tient sa première exposition personnelle d’art abstrait à la Galerie Esquisse. François Chatelet écrit dans la préface du catalogue : « Pour Serge Poliakoff, l’abstraction n’est pas sécheresse ; la pâte dont il pétrit ses toiles n’est jamais à son gré assez riche pour sa propre richesse. »

La vibration des couches successives de matière apportées par Poliakoff à ses formes géométriques est célébrée par tous, et ce dès ses débuts. Le peintre revient à plusieurs reprises, en moyenne 3 ou 4 fois, sur ses compositions afin d’ajouter du relief et de la matérialité.

Plus tard, Jean Lassaigne, en 1957, écrira encore au sujet des expositions Poliakoff vues au sein de la Galerie Creuzevault (peintures) et de la Galerie Berrgruen (gouaches) : « Poliakoff a le goût des matières superbes qu’il pose par couches successives s’enrichissant l’une l’autre ; il semble qu’il accorde une importance de plus en plus grande à la touche qu’il pose en éventail autour d’un centre ».

Nous retrouvons cette vibration intense des rouges, des bleus, des verts et des roses dans la Composition Abstraite, de 1959, une gouache délicate où les touches de pinceau et les transparences de la gouache rythment avec douceur les formes imbriquées du peintre.

Poliakoff, une voie abstraite singulière

L’art de Poliakoff n’est ni vraiment géométrique, ni vraiment lyrique. Son art, toujours au carrefour de ces deux tendances de l’abstraction, cherche avant tout la pureté : Roger Van Gindertäel écrit à l’occasion de l’exposition organisée par la Galerie Bing en 1954 : « De deux lois : harmonie architecturale et rythme sensible, Poliakoff attend que son travail soit logique et discipliné sous un aspect spontané et libre ». Ainsi, mêlant aspect rigoureux et envolées émotionnelles, imbrication des formes et vibrations des couleurs et des touches, l’art de Serge Poliakoff est une troisième voie à l’art abstrait d’après-guerre en France. Poussé par son instinct vers la recherche de l’épure stylistique, son art joue sur tous les registres, tout en imposant son caractère unique dans le panorama de l’abstraction.

La spécialiste Lydia Harambourg résume ainsi l’art de Serge Poliakoff : « Une des particularités de la peinture de Poliakoff, et non des moindres, réside dans l’absence d’une réelle évolution, tout en se renouvelant sans cesse. (…) Démentant un empirisme qui n’est qu’apparent, sa toile présente un agencement de formes s’imbriquant avec une telle rigueur, qu’aucune d’entre elles ne pourrait se détacher de l’ensemble et si cela se produisait elle ne pourrait être remplacée par une autre et retrouverait naturellement sa place. Aussi éloignés de la moindre allusion figurative, comme de thèmes géométriques et encore moins d’une quelconque interprétation symbolique, ses compositions n’ont ni profondeur ni perspective, parce qu’elles engendrent leur propre espace, qui comme Poliakoff aimait à la répéter « fait la forme. » Dans une tentative pour définir sa peinture, il a déclaré : « Ce qui m’intéresse dans la peinture c’est sa pureté » »[1].

Ainsi, l’art de Serge Poliakoff réside dans cette quête de sobriété, qui ne nie pourtant pas l’émotion du sujet créateur. Laissons le dernier mot au critique Charles Estienne, grand ami des artistes, qui les recevait dans sa villa de Gordes, où séjourna aussi Serge Poliakoff. En 1951, dans la préface de l’exposition d’œuvres récentes qui eut lieu à la Galerie Dina Vierny, Estienne donne une définition subtile et émouvante de l’art de cet architecte des couleurs : « Une peinture dont la force et l’originalité sont d’unir le modernisme le plus aigu à la qualité, à la saveur picturale les plus évidentes et les plus généreuses… comment ne pas réagir d’emblée… à ce besoin inné et à cet instinct presque infaillible de la couleur et en même temps à ce sens mystérieux de la vie de tous… Abstrait, Poliakoff l’est totalement : mais il ne se contente pas non plus d’être non figuratif ; il nous propose des formes, mais de véritables formes… qui nous troublent et nous émeuvent comme seuls peuvent le faire tous les signes qui font allusion à ce profond monde poétique enseveli en nous, tel une seconde nature ».

Ainsi, l’art de Poliakoff, au carrefour de diverses influences et inspirations, comporte cette poésie presque magique, de retour aux formes primaires, primitives, évoquant l’essence de l’humanité.

Ainsi, de l’alliance du mouvement et de la couleur naît une œuvre singulière et intense, à retrouver sur les cimaises de la Galerie Hurtebize à Cannes.


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Marie Cambas

Dernière arrivée dans l’équipe, Marie est diplômée de l’Ecole du Louvre et de la Sorbonne en histoire et en histoire de l’art. Spécialisée en peinture ancienne, elle se tourne ensuite vers l’art Moderne et intègre la galerie en 2018.


[1] Lydia HARAMBOURG, L’École de Paris 1945-1965, Dictionnaire des peintres, Éditions Ides et Calendes, Neuchâtel, 2010, p. 393.


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Beaux Arts Magazine met en lumière 5 artistes de la galerie

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Le magazine Beaux-Arts a récemment consacré un très bel article à la Galerie Hurtebize, réalisant son « portrait” à travers cinq oeuvres représentatives. Nous sommes fiers de vous le présenter ICI
En voici un aperçu ci-dessous :

Chu Teh-Chun, délicat paysage émotionnel

La belle gouache de Chu Teh-Chun récemment acquise par la Galerie met en lumière l’abstraction lyrique mêlée aux influences chinoises dont Zao Wou-Ki se fit également le chantre dans la France d’après-guerre. Ce délicat paysage émotionnel est tracé par la brosse toute orientale du peintre, qui se laisse aller à la spontanéité gestuelle propre à l’art abstrait occidental.

Gouache sur Toile de Chu Teh-Chun

Hans Hartung libéré de toute tradition

Hans Hartung est l’un des grands pionniers de l’abstraction, champ de tous les possibles où son travail s’épanouit par le biais de ses multiples inventions d’outils. Ce très beau dessin de 1960 témoigne de son attrait pour les couleurs froides, dont cette teinte vert d’eau est toutefois assez rare, et de son obsession pour les barres, les lignes, qu’il appellera ses « poutres » dans son autobiographie (1). Ces sillons sont grattés à même la peinture, et illustrent la technique de grattage si typique du travail libéré de toute tradition promu par Hans Hartung, auquel la Galerie Hurtebize se consacre depuis plus de vingt ans.

papier avec peinture vinylique verte de Hans Hartung

Georges Mathieu explosif !

La personnalité explosive de Georges Mathieu se reflète particulièrement dans son oeuvre Fantômes Vermeils, de 1990, où le déchaînement gestuel de projections aux couleurs vives attire le regard. Premier « calligraphe occidental » comme le surnomma André Malraux, Georges Mathieu est l’un des grands inventeurs de l’action painting à la française. La Galerie Hurtebize travaille depuis de nombreuses années sur cet artiste haut en couleurs.

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Le surréalisme doux et implacable de Joan Miró

Si l’art abstrait est célébré par la Galerie Hurtebize, cette dernière s’intéresse tout autant aux courants figuratifs de la période. Le surréalisme à la fois doux et implacable de Joan Mirò y figure en bonne place. Son « oeuvre au noir » intitulée Cap i Cua, projet de lithographie porté par la Galerie Maeght, met en scène l’imagerie propre à l’artiste espagnol. On y discerne un personnage au tracé synthétique, ansi que l’étoile-signature de l’artiste, véritable emblème de sa poétique tournée vers le rêve.

Jean Miotte : artiste insaisissable

La cinquième oeuvre-phare de la Galerie a été réalisée par Jean Miotte au tournant des années 1960. Artiste insaisissable, au carrefour de l’abstraction lyrique, de l’Art informel et des influences zen, ce peintre et sculpteur a eu une carrière internationale : Allemagne, Suisse, Etats-Unis, France. Jean Miotte est obsédé par le Jazz : ses rythmes saccadés traduisent la danse de son pinceau, tandis que ses harmonies de teintes le posent en maître coloriste, qui, à l’instar de ses amis futuristes italiens, a cherché à traduire le mouvement de la musique à travers la couleur. La Galerie Hurtebize lui consacrera prochainement une exposition monographique.


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Marie Cambas

Dernière arrivée dans l’équipe, Marie est diplômée de l’Ecole du Louvre et de la Sorbonne en histoire et en histoire de l’art. Spécialisée en peinture ancienne, elle se tourne ensuite vers l’art Moderne et intègre la galerie en 2018.

(1) : Hans Hartung, Autoportrait, Les presses du réel, 2016, première édition Grasset, 1976, p. 223.


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La BRAFA – Brussels Art Fair, un salon d’exception.

Du 26 janvier au 2 février prochain va se dérouler le prestigieux salon BRAFA, pour sa 65ème édition.

Créée en 1956, cette foire internationale d’art – l’une des plus anciennes – est entrée dans le top 5 des grands rendez-vous annuels incontournables pour les amateurs et collectionneurs. Chaque année, elle marque le top départ de l’année artistique, annonçant déjà les différentes foires qui se succéderont. On la considère désormais comme un baromètre du marché de l’art, reflet fiable des nouvelles tendances.

Chaque année en effet, ce sont environ 66 000 personnes, amateurs et collectionneurs, qui s’y pressent pour découvrir et acquérir les pièces exposées.

Une large sélection de galeries triées sur le volet, spécialisées aussi bien en antiquités qu’en art moderne ou contemporain y présentent des œuvres d’une rare qualité. Ce sont au total 133 des plus belles galeries mondiales, issues de 14 pays différents, qui y participent. Elles représentent plus de 20 spécialités, de l’art Pré-colombien à la peinture flamande du XVIIIème siècle, en passant par le bijou vintage et le livre de collection, jusqu’à l’abstraction des années 1950 et à l’art conceptuel d’aujourd’hui. Il s’agit donc d’une sélection qui balaie les époques et les styles, mêlant tous les objets d’arts, et n’ayant pour seul critère que celui de l’excellence.

Plus de 100 experts travaillent pour cela à l’authentification des pièces proposées, assurant un contrôle sans faille de la provenance et de la certification des objets d’art.

Depuis 2004, la BRAFA prend place à Tour&Taxis, un magnifique complexe immobilier datant de la première ère industrielle bruxelloise en brique rouge, de plus de 15 000 m2.

Chaque année, des personnalités importantes du monde politique ou artistique parrainent ce salon, lui conférant un prestige toujours plus important.

La Galerie Hurtebize participe depuis de nombreuses années à ce rendez-vous immanquable, proposant un choix d’œuvres issues de l’art d’après-guerre français dans un stand où la scénographie met en avant un parcours d’exposition toujours original.

Georges Mathieu, Hans Hartung, Bernard Buffet, Victor Vasarely, André Marfaing ou Jean Miotte sont les noms désormais associés à la Galerie, qui a à cœur de promouvoir l’œuvre de ces grands artistes de l’art moderne.

Cette année, la Galerie proposera aussi en exclusivité le travail d’autres personnalités dont le renom n’est plus à faire : Marc Chagall, Wifredo Lam, Jean Cocteau ou encore Christo seront aussi présents sur les cimaises du stand 57A, qui s’étalera sur plus de 100 m2.

Focus : Une œuvre exceptionnelle de Jean Cocteau sur le stand 57A

L’œuvre de Jean Cocteau proposée par la Galerie Hurtebize est inédite, puisqu’elle figure dans le film Le Testament d’Orphée, dernier film et véritable testament de l’artiste daté de 1959.

Orphée à la Lyre est une œuvre à la craie blanche sur tableau noir, d’un mètre cinquante de haut sur deux mètres de large.

On la voit au début et à la fin du film, en guise d’incipit et de conclusion, en train de « se » réaliser. En effet, le trait blanc semble se former de lui-même, Cocteau s’effaçant pour mettre en scène cette auto-création du portrait du héros avec son instrument de musique.

Cette œuvre, tout comme le film, est en réalité un auto-portrait. Cocteau s’imagine en Orphée maîtrisant tous les arts, mais ayant un rapport spécial avec la Mort. Dans le mythe antique, le héros à la lyre est autorisé à descendre aux Enfers pour aller y chercher Eurydice, son épouse. La seule condition pour la ramener parmi les vivants est de ne pas se retourner. Mais alors qu’ils sont presque parvenus au bout du chemin, Orphée se retourne, et Eurydice disparaît à jamais.

Jean Cocteau a réalisé une pièce de théâtre ainsi que deux longs métrages sur ce mythe, qui traverse toute son œuvre, comme une obsession. Cependant, ce n’est pas sur la perte de l’être cher que se focalise son travail, à l’instar du mythe, mais sur l’inéluctabilité de la Mort, l’attraction qu’elle opère, seul phénomène auquel ne peut résister Orphée, artiste aux mille talents, qui séduit pourtant du son de sa lyre enchantée la faune, la flore, et même les Dieux. Rien ne lui résiste, si ce n’est l’Hadès qui s’ouvre à ses pieds.

Dans Le Testament d’Orphée, cette Mort se joue de l’artiste, qui l’attend désespérément, dans un temps infini qui s’étire d’anecdote en anecdote. Cocteau y joue lui-même un Orphée  condamné à errer dans le temps et l’espace, rencontrant dans différentes temporalités toutes les personnes qui ont compté dans sa vie personnelle, de Picasso à Jean Marais.

L’œuvre Orphée à la Lyre, qui commence et termine le film, est donc d’une grande importance pour cet artiste polymorphe, à la fois cinéaste, écrivain, dessinateur et peintre.

Il est la dernière image de la bande originale, le point final de la carrière de Jean Cocteau ; en un mot, le véritable testament de l’artiste.


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Marie Cambas

Dernière arrivée dans l’équipe, Marie est diplômée de l’Ecole du Louvre et de la Sorbonne en histoire et en histoire de l’art. Spécialisée en peinture ancienne, elle se tourne ensuite vers l’art Moderne et intègre la galerie en 2018.


Crédit photo : BRAFA 2019 – Stand Galerie Hurtebize © Fabrice Debatty – www.debatty.com


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Découverte : Rencontre avec Michel MOUSSEAU

Michel Mousseau est un artiste contemporain défendu par la Galerie Hurtebize à Cannes.

Son travail sur le réel et la couleur, dans les années 1950-70, a évolué vers un art non-figuratif qui puise toujours sa source dans la Nature et les Éléments.

L’artiste nous en livre sa perception singulière à travers des œuvres empreintes d’une grâce et d’une force intemporelles.

Venez découvrir la douce poésie du Vivant proposée par Michel Mousseau sur les cimaises de la Galerie Hurtebize.

Michel Mousseau est d’abord un rêveur et un chercheur, un artiste forcené, à la fois auteur de tableaux, de dessins, travaillant sans relâche ; il s’est confronté à différents sujets, à la figuration, à la non-figuration, et a composé sur tous les formats.

Le peintre est aussi un illustrateur de recueils de poèmes.

Sa manière d’envisager le Monde et de nous la dire dans son œuvre est communicative, et l’on y reconnaît immédiatement la méditation poétique sur l’Homme et le Monde propre à ce libre penseur proche des milieux littéraires.

Son travail entre 1955 et 1970 met en scène des femmes nues et élégantes aux postures pensives, délicatement installées dans des intérieurs aux couleurs suggestives, mais aussi des natures mortes défiant les lois artificieuses de la perspective picturale classique, qui brouillent les pistes et nous invitent au voyage.

Il y a chez Mousseau un contraste entre la douceur des émotions et la vigueur de la technique, un jeu subtil entre rudesse calligraphique et sensibilité du sujet. Et, de façon paradoxale, l’un complète et valorise l’autre.

Le calme pensif de ses personnages contraste avec la force de son pinceau qui capte l’âme des éléments représentés dans des cernes noirs volontaires. Le geste spontané de Michel Mousseau propose aussi un jeu sur les épaisseurs de matière picturale, réaffirmant la matérialité de la peinture, et la présence du peintre. Cette matérialité revendiquée se pose à l’inverse de l’évanescence des figures représentées.

De même, à la subtilité des postures féminines se juxtaposent des effets de contrastes entre ombre et lumière presque saturée, ainsi que le dialogue des tons pastels opposés à une gamme colorée très vive. Ces couleurs fortes sont parsemées dans l’environnement tamisé des personnages à la peau blanche illuminée, et rehaussent de leur vivacité l’aspect presque immatériel de ces personnages livrés à leurs pensées les plus intimes, nous invitant à notre propre introspection.

Cette aventure sensible et empirique proposée par l’artiste se passe de toute notion de temporalité, et transcrit avec justesse la perception du monde de son auteur.

Le Grand Nu à la table proposé par la Galerie Hurtebize, ainsi que le Nu à la chaise Violette incarnent parfaitement cette phase du travail du peintre. Les nus pensifs accoudés à leur chaise, à la fois singuliers et impersonnels, en ce qu’ils représentent la quintessence de l’Homme, ont un visage indéfini. Leur corps vibre d’une lumière qui contraste avec l’intérieur grisé dans lequel il est représenté, et dans lequel s’invitent des plages de couleurs pures, qui annoncent déjà le futur travail abstrait de Mousseau, dès les années 1980, où les plages colorées finissent par envahir la toile.

L’artiste a cependant commencé non pas par figurer l’Homme, mais la Nature. Voici ses réponses aux questions que nous lui avons posées sur son œuvre[1] :

Comment êtes-vous venu à la peinture ?
« Peindre est un désir impératif qui m’est venu naturellement. J’ai très vite eu envie d’échanger le petit cartable d’écolier pour un chevalet de campagne. Je me suis d’abord confronté au paysage. J’habitais Sceaux. Au fond du Parc du château, enjambant la clôture, je me trouvais alors dans un endroit plus sauvage où, solitaire, je pouvais peindre.

Mousseau n’aura de cesse de revenir au travail in situ, au milieu de l’élément naturel, comme en témoigne son dernier travail en résidence au Domaine de Kerguéhennec.[1]

Parlez-nous de votre travail des années 60 et des sujets de vos toiles : nus féminins dans des intérieurs et natures mortes : quelles étaient alors vos sources d’inspiration ?

Ces toiles, je les ai réalisées dès que j’ai eu un véritable atelier à Paris. J’avais précédemment fréquenté un cours du soir boulevard du Montparnasse, et l’Académie Julian rue du Dragon où je travaillais le dessin d’après le modèle vivant.
J’aimais ces corps en mouvement dans l’espace de l’atelier et parmi les objets familiers alentour. L’inspiration, ce n’est pas particulièrement l’érotisme. Le corps, l’atelier, les choses se trouvent mêlés sous une même lumière, tout un monde.
J’ai travaillé là avec acharnement, comme toujours d’ailleurs, selon mon tempérament.

C’est donc le microsome de l’atelier et des nus y posant qui pousse Michel Mousseau à réaliser ses compositions des années 1955/70. S’y exprime donc, comme il le dit lui-même, tout un monde, ou plutôt, toute une réflexion sur le monde, à travers la vision de quelques meubles quotidiens et du mouvement corporel d’une femme. De l’anecdotique naît l’intemporel, du microcosme le macrocosme.

C’est précisément cette phase de son travail que présente la Galerie Hurtebize à Cannes.

Mais le travail de Mousseau ne s’arrête pas là, car ce travailleur acharné évolue et se libère des conventions. Peu à peu, dans les années 1980, ses œuvres muent vers une incarnation du sensible au travers de la couleur. Les formes se dégagent de l’illusionnisme et ne représentent plus le réel, mais les couleurs vibrantes de l’artiste portent en elles des sources toujours reliées au Monde et à la perception que l’artiste se propose de traduire de son pinceau.

Comme de nombreux artistes de cette période, dont certains sont représentés par la Galerie HurtebizeHans Hartung, Georges Mathieu, Jean Miotte, André Lanskoy, Gérard Schneider…, Michel Mousseau a choisi l’aventure de la non-figuration. Il nous explique :

C’est une évolution. En effet, ni narrative, ni anecdotique, ma peinture n’en est pas pour autant abstraite. Elle est intimement liée aux éléments du monde qui m’entoure.
Avec force, la couleur a pris toute la place. Les plans et les formes sont simplifiés au détriment des détails. L’espace tend vers le monumental, aussi bien dans les grandes toiles, de la taille d’un homme, que dans les petites toiles de la taille de la main. Par sa matière, la peinture garde cependant l’expression d’intimité et d’intériorité. Il s’agit pour moi de me tenir au plus près de cette lumière que j’ai le sentiment d’être seul à voir, et que je veux saisir, et que je veux transmettre.

A l’instar de certains artistes, comme André Marfaing, Mousseau ne choisit pas l’abstraction pure, mais la non-figuration, grâce à laquelle ce n’est pas le détail ciselé mais la quintessence, l’énergie vitale de ce qu’il voit qu’il traduit pour nous dans son langage coloré et dans ses formes de plus en plus synthétiques.

La couleur, il l’admire chez Delaunay, la force des formes concises, réduites à l’essentiel, chez Cézanne, et l’aspect brut et originel, chez Picasso. C’est ainsi qu’il résume lui-même les artistes qui l’ont inspiré dans sa jeunesse et au cours de sa vie artistique :

Au fil du temps, ce dialogue évolue et dépend des périodes.
Tout au début, j’ai découvert l’atelier de la mère d’un copain d’école. Au mur, d’authentiques toiles de Soutine et Modigliani. Peintre, cette femme avait été leur amie à Montparnasse. Puis, au cours de dessin du lycée Lakanal, le professeur m’ouvrit les yeux sur l’immense et simple modernité de Cézanne. Par la suite, dès les années 50/55, trois grandes toiles m’ont marqué, qui me hantent toujours.
Les Ménines de Vélasquez, à Madrid où je séjournais comme étudiant boursier Zellidja, pour l’expression de l’espace et la définition singulière de la place du peintre.
Rythme, grand disque de Robert Delaunay, pour la joie et le dynamisme de la couleur. Les Demoiselles d’Avignon de Picasso, pour le côté primitif aux sources de la peinture, le territoire des origines. Plus tard, la découverte des peintres américains, Jackson Pollock, Richard Diebenkorn…

Ainsi, Michel Mousseau est un peintre passionné qui cherche sans cesse à traduire sa vision du monde avec ses outils et son langage propre, toujours en évolution. Il définit ainsi son rôle de peintre :

Donner à Voir ce que j’ai Vu.

L’échange a beaucoup d’importance. Un regard qui ne partage pas ce que j’ai fait, et mon travail n’est rien. Quand quelqu’un regarde avec intérêt, je me dis que j’ai bien fait. Si ça ne touche pas l’autre, alors je reste sur une île déserte.
Plus généralement tout acte de peindre, quand il est partagé, ouvre une fenêtre et agrandit notre perception du monde
. »

L’artiste est donc un passeur, qui transmet sa perception du réel à tous ceux qui lèvent les yeux sur ses œuvres. Ce qu’il veut, ce n’est pas instruire mais provoquer une rencontre, un dialogue créateur entre l’œil du spectateur et l’œuvre.

La Galerie Hurtebize est fière de présenter le travail d’un artiste si singulier dans le panorama de la création des années 1960 jusqu’à nos jours, et vous invite à venir découvrir les visions du monde de Michel Mousseau dans son parcours d’exposition à Cannes.


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Marie Cambas

Dernière arrivée dans l’équipe, Marie est diplômée de l’Ecole du Louvre et de la Sorbonne en histoire et en histoire de l’art. Spécialisée en peinture ancienne, elle se tourne ensuite vers l’art Moderne et intègre la galerie en 2018.

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[1] Correspondance entre Michel Mousseau et Marie Cambas, datée du 11 décembre 2019, par e-mail, retranscrite intégralement avec l’accord de l’artiste.

[2] Voir Michel MOUSSEAU, Domaine de Kerguéhennec, carnet de résidence publié à l’occasion de l’exposition présentée du 3 mars au 2 juin 2019, Département du Morbihan, Presses du Cloître Imprimeurs, Saint-Thonan, 2018.


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Gérard SCHNEIDER : Le lyrisme à l’état brut

Gérard Schneider a sans aucun doute le coup de brosse le plus brut et spontané de tous les artistes abstraits lyriques des années 1950-1960. Sa gestuelle est incomparable et reconnaissable ; on ne peut la confondre avec la rigidité contrôlée d’un Hans Hartung, la calligraphie orientaliste d’un Georges Mathieu, ou la gestuelle jazzy d’un Jean Miotte.

Son geste volontairement plus brouillon représente ce que l’art abstrait lyrique a de plus essentiel. C’est pourquoi le grand critique Michel Ragon n’hésite pas à écrire : « L’abstraction lyrique s’est surtout incarnée dans Gérard Schneider, comme le cubisme dans Picasso »[1].  Cela ne veut pas dire que Gérard Schneider soit l’initiateur du mouvement, ni son unique représentant, cela veut dire que les envolées picturales brutales de Schneider incarnent la quintessence même de ce mouvement et de ses intentions, à savoir un élan spontané et intérieur se reflétant par une gestuelle abstraite instinctive.

Pourtant, Gérard Schneider a une éducation artistique des plus classiques. Né d’un père ébéniste à Neuchâtel, il étudie l’art traditionnel et académique en Suisse avant d’arriver à Paris, à l’âge de vingt ans, afin d’étudier à l’École des Arts Décoratifs puis aux Beaux-Arts. Tenté un moment par le cubisme, il se plaît à répéter « j’aime tous mes classiques », mais dès l’année 1935, il abandonne la figuration pour l’art abstrait. A partir de 1930 déjà, son style s’achemine vers l’abstraction, et est ainsi qualifié par Michel Ragon : « l’élan du geste, une violence contenue, la lueur d’une coulée de pâte blanche »[2]. Pendant un temps, Schneider hésite entre la non-figuration et l’abstraction – voir notre Gros Plan en fin d’article.

Proche du mouvement surréaliste, Schneider écrit des poèmes, où cette fureur silencieuse s’exprime aussi bien que lorsqu’il prend ses pinceaux. Daniel Chabrissoux en réfère à Loïs Schneider dès juillet 1991 : « Le trait est un élément dominant, un travail de vitesse où le mouvement est primordial, mais aussi cette rupture avec la nature où l’on cherche à l’intérieur de soi la source de l’inspiration.  C’est le surréalisme qui a apporté cela, ce fut très important pour la naissance de l’abstraction lyrique et aussi pour les artistes américains. »[3]

Gérard Schneider ne se rapproche pas alors des autres artistes de sa génération, qui tendent vers une abstraction plutôt géométrique. Artiste érudit, son inspiration vient à l’inverse du surréalisme, de cette manière nouvelle de chercher un élan créateur au plus profond de son subconscient et de son intimité.

A la fin de la guerre, il commence à exposer avec des artistes abstraits tels que Marie Raymond, Jean Deyrolle ou Hans Hartung, avec lequel il créée un groupe informel d’artistes qui souhaitent travailler l’abstraction d’une manière nouvelle, en se laissant porter par leur élan créateur. S’y rallient Michel Atlan, Serge Poliakoff, Pierre Soulages et d’autres qui deviendront les grands représentants de l’art abstrait lyrique en France.

C’est surtout avec Hans Hartung et Pierre Soulages que Schneider forme un trio durable aux multiples expositions et succès.

Les années 50 sourient en effet à Gérard Schneider, alors au faîte de sa gloire.

Charles Estienne, le grand critique, écrit dans la revue Combat le 30 avril 1947 : « A la galerie Lydia Conti, Schneider s’est attaqué au problème le plus difficile, celui de tout dire dans une forme abstraite, en s’en tenant aux deux dimensions du plan. Le voici aujourd’hui en pleine possession de ses moyens d’expression ; tantôt il nous semble romantique, se fiant plus à son graphisme et à son trait, aux taches de couleurs éclatantes, pour s’exprimer d’une manière lyrique, tantôt, il semble plus classique, et supprime tout espace inutile dans le jeu serré des formes. Mais sa peinture a toujours un contenu intérieur nécessaire et suffisant, et l’accord coloré qui résume finalement le tableau est d’une richesse sans emphase et d’une sûreté qu’il faudrait être aveugle pour nier. Belle leçon que je dédie à beaucoup de jeunes peintres. »[4]

Tout comme les autres représentants de l’art abstrait lyrique, Hans Hartung, Georges Mathieu, Pierre Soulages, André Lanskoy et les autres, Gérard Schneider est présent sur les cimaises de la Galerie Hurtebize à Cannes, qui promeut cette période de création libre et intense dans la France de l’après-Guerre.

L’œuvre Opus 71-C de Schneider, une huile sur toile de 1957, est dans la lignée du travail décrit par Charles Estienne. L’artiste y développe son lyrisme si brut et reconnaissable, à coups de brosse large denses en matière, éclairés par des taches de couleurs qui contrastent avec le noir des barreaux qui s’étalent sur le fond bleu nuit de la composition. Sa proximité avec Hartung et Soulages se ressent dans cette composition où figurent les fameuses « poutres » décrites par Hans Hartung, typiques selon lui des artistes lyriques et des abstraits américains de cette période[5]. Ainsi, par ses formes et ses harmonies colorées, cette œuvre puissante témoigne de l’œuvre spontané de Gérard Schneider, qui a sans cesse cherché son inspiration au plus profond de lui-même.

Gros plan : l’Art selon Gérard Schneider : Art non figuratif ou abstraction ?

Beaucoup d’artistes de cette période abandonnent la figuration de leurs débuts pour l’abstraction. Mais il est difficile de définir leur art ; est-ce de la non-figuration ou bien de l’abstraction ? André Marfaing, par exemple, se refuse à employer le terme d’art abstrait, lui préférant celui d’art « non-figuratif ».

Qu’en est-il de Gérard Schneider ?

C’est Michel Ragon, dans sa magnifique somme sur le peintre, qui nous l’explique :

Il cite Gérard Schneider, qui explique avoir abandonné l’art figuratif vers 1937 – en réalité, dès les années 1930.  « J’abordais l’abstrait, vers 1937, par quelques créations imaginatives directes, dira-t-il en 1985 à Gérard Xuriguera. Ce n’était pas encore de l’abstrait, mais de l’abstraction. »

Ce qui différencie l’abstrait de l’abstraction, Gérard Schneider reviendra souvent sur ce sujet (…). Avant la guerre, Schneider abstractise des formes ; après la guerre, il travaillera directement dans l’abstrait, sans aucune référence au monde visible. »[6]

C’est en 1945 que Schneider affirme par une phrase-manifeste le tournant de son orientation. Il est alors définitivement passé du côté de l’abstrait, sans référence au réel, et se sépare des non-figuratifs -Bissière, Bazaine, Manessier, Lapicque et les autres, qui conservent des références au réel dans leur peinture.

En effet, c’est au Salon des surindépendants de 1945, que Schneider expose une peinture, Les Pendus, qui n’a de figuratif que le titre. Il inscrit sous la reproduction de ce tableau son adhésion à l’art abstrait, qui s’éloigne définitivement du non-figuratif : « Les nouvelles possibilités de la peinture abstraite s’orientent vers un contenu expressif et dramatique de la création de ses formes. Dans l’abstraction la peinture trouve l’indispensable à sa fin technique et explosive en excluant les éléments extérieurs inutiles. »

Ainsi, l’abstrait comporte une expressivité qui devient une fin en soi. C’en est fini du rapport au réel dans la création, il n’y a que le réel des émotions « explosives » de Gérard Schneider lui-même, et de sa gestuelle picturale qui s’affirme en tant que telle, sans volonté illusionniste.

Venez retrouver nos œuvres de Gérard Schneider exposées à la Galerie Hurtebize à Cannes, ou sur notre site internet www.galerie-hurtebize.com


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Dernière arrivée dans l’équipe, Marie est diplômée de l’Ecole du Louvre et de la Sorbonne en histoire et en histoire de l’art. Spécialisée en peinture ancienne, elle se tourne ensuite vers l’art Moderne et intègre la galerie en 2018.

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[1] Michel RAGON, Schneider, Expressions Contemporaines, Angers, 1998.

[2] Michel RAGON, Schneider, Expressions Contemporaines, Angers, 1998, p. 19.

[3] Propos rapportés et publiés par Michel Ragon, in Schneider, Expressions Contemporaines, Angers, 1998, p. 26.

[4] Charles ESTIENNE, in Combat, 30 avril 1947.

[5]Hans Hartung, Autoportrait, Les presses du réel, 2016, première édition Grasset, 1976, p.223 : « Avant la guerre, mes taches avaient commencé à aller de pair avec de larges barres sombres préfigurant ces « poutres » qui, pour beaucoup de peintres (Franz Kline, Soulages, et moi-même encore), allaient jouer, après-guerre, un grand rôle. »  

[6] Michel RAGON, Schneider, Expressions Contemporaines, Angers, 1998, p. 19.